CHAMPIONNATS D'EUROPE 2022

Tallinn, Estonie - 15 janvier 2022

INTERVIEW (collective) MICHAL BREZINA

© Solène Mathieu - S.I.G.
© Solène Mathieu - S.I.G.

 

Après son dernier programme long en compétition européenne, Michal Brezina prend un moment pour parler aux journalistes de son ressenti, de sa carrière, des Jeux Olympiques à venir et de son coéquipier Nathan Chen.

 

Question : Comment te sens-tu ?

 

Michal : Bien ! Beaucoup mieux qu'après le programme court.

 

Q : Quand as-tu décidé d'enlever le quadruple Salchow de ton programme long ?

 

Michal : Ce matin. J'aurais dû le faire pour le programme court aussi. Je n'avais pas un bon rythme dessus depuis que je suis arrivé à Tallinn. Quelque chose ne fonctionnait pas, je ne sais pas quoi et je n'arrivais pas à le résoudre. Avec plus de temps peut-être,  cela aurait été plus facile mais je suis arrivé lundi, j'ai eu des entraînements mardi et la compétition a démarré dès mercredi. Ce matin, la décision a été simple et j'ai retiré le quadruple. Je voulais patiner un programme propre pour terminer mes derniers championnats d'Europe sur une bonne note et de bons souvenirs. A la fin j'étais ému. Mon programme était propre, tout y était à part ce petit tour supplémentaire sur le Salchow. La dernière pirouette était bizarre, j'ai manqué de vitesse mais je suis heureux de la manière dont j'ai patiné et des sensations que j'ai eues. J'ai pris du plaisir et c'est le plus important. 

 

Q : Tu as pris un temps à la fin du programme, pour toucher la glace.

 

Michal : Oui, je voulais prendre l'énergie du moment, me souvenir de cette sensation et de cette émotion. Le public m'a beaucoup soutenu et applaudi. 

 

Q : Te souviens-tu de ta participation aux Championnats d'Europe à Tallinn il y a douze ans ?

 

Michal : Je ne me souviens déjà pas de 2020, alors 2010 (rires) ! Allison Reed (en danse sur glace) et moi sommes les deux seuls patineurs à avoir participé aux championnats d'Europe de 2010 et 2022. Elle était sûrement la plus jeune patineuse de la compétition à l'époque. C'est super d'avoir toujours le niveau pour pouvoir participer douze ans après. En 2010, je me souviens que je n'avais aucune attente. J'avais fini quatrième et je n'avais pas préparé de programme de gala ! Les premières années, je voulais juste montrer ce que je savais faire. J'ai parfois été frustré quand je n'ai pas obtenu les notes que je voulais. Quand on est jeune, on ne réalise pas toujours tout le travail à faire. Je me souviens avoir été très heureux il y a douze ans, comme aujourd'hui ! Quand on patine sans erreur, peu importe qu'il y ait six quadruples ou aucun, c'est une sensation très agréable. 

 

Q : Est-ce que les paroles de ta musique du programme long ("Those were the best days of my life", en Français "C'étaient les meilleurs jours de ma vie") sont un clin d'œil à ta carrière ?

 

Michal : Non, pas initialement en tout cas. Mais plus j'écoute les paroles, plus j'y pense. Quand on a travaillé sur ce programme avec Shae-Lyne (Bourne, sa chorégraphe), les paroles n'étaient pas au centre de nos réflexions. C'était une coïncidence. Je voulais patiner sur une musique douce. Shae-Lyne souhaitait un morceau plus dynamique et moins ennuyeux. Je n'ai pas l'habitude de patiner sur des musiques lentes. Comme elle me connaît et qu'elle sait comment je fonctionne et ce qui me fait avancer, elle a proposé des musiques de Brian Adams. J'ai écouté et j'ai aimé. En plus, elle le connaît personnellement, donc elle voulait lui demander des idées pour un programme. Moi je lui ai répondu : "T'es sérieuse, tu connais Brian Adams ?". Ils sont Canadiens tous les deux et ils ont fait un spectacle ensemble. J'aime surtout la musique et mes sensations dessus. Je n'ai pas trop pensé aux paroles.

 

Q : Quelle a été la contribution de Brian Adams ?

 

Michal : Je ne sais pas, je ne lui ai jamais parlé ! Je pense que s'il voyait le programme cela lui plairait. Personne n'a jamais patiné sur des musiques de Brian Adams, à part en gala. C'est ma fierté.

 

Q : Pour reprendre les paroles, quels sont les meilleurs jours de ta carrière ?

 

Michal : Ma carrière a eu des hauts et des bas. Cela n'a jamais été très stable. La musique du programme long va bien avec cela aussi, et cette compétition le résume bien : un bas et un haut ! Ce sont mes derniers championnats d'Europe, je suis content d'avoir montré qu'après quatorze participations j'ai toujours ma place. 

 

Q : Comment abordes-tu les Jeux Olympiques de Pékin ?

 

Michal : Je n'ai plus vingt ans. Je n'ai pas d'espoir de médaille contrairement aux précédentes éditions. Maintenant je veux surtout participer comme on dit. Je vais soutenir et aider mes coéquipiers, Nathan Chen et Mariah Bell pour qu'ils ramènent une médaille d'or. Et puis je vais m'amuser !

 

Q : Tu y vas avec ta sœur, Eliska Brezinova, qui patine également. Peux-tu nous en parler ?

 

Michal : Mon père a toujours eu ce rêve d'avoir ses deux enfants aux Jeux Olympiques. Nous avons réussi à être sélectionnés tous les deux avec Eliska. Cela va arriver dans ma dernière année et ce sera super de partager cela avec ma famille. Mon père sera présent, ce sera encore plus émouvant. Je ne connais pas les plans d'Eliska après et je ne verrai pas ses programmes malheureusement, je pars le lendemain de mon programme long. Ce n'est pas une obligation liée au COVID, ce sera tout simplement pour revoir ma fille ! Je m'envole pour Pékin dimanche 16 janvier et si je reste jusqu'au bout de la compétition, je ne la verrai pas pendant un mois et demi, c'est trop. 

 

Q : Que penses-tu des chances de médaille de Nathan Chen ?

 

Michal : À votre avis ! Tout le monde a vu les championnats nationaux américains et ce n'était même pas son meilleur jour. Il est tombé, ce qui est rare, même à l'entraînement. Sachant ce qu'il est capable de faire, et en ayant vu ses entraînements, je ne peux que souhaiter sa victoire. Il la mérite tellement pour son travail et sa détermination. Il est à 200% dans tout ce qu'il fait. Je me suis entraîné toute ma vie avec des champions, je n'ai jamais vu autant de détermination chez quelqu'un. C'est exceptionnel. Sa mère le soutient beaucoup, Rafael Arutunian aussi depuis que Nathan l'a rejoint à l'âge de dix ans. Il a fait en sorte qu'il soit prêt. C'est un long chemin, cela prend beaucoup de temps de former un champion olympique. 

Propos recueillis et traduits de l'anglais par Solène Mathieu - S.I.G. ©