© Solène Mathieu - S.I.G.
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MK JOHN WILSON TROPHY

11 novembre 2022

Programme court couples


"Stranger Things"

 

Dès le premier coup de lame, Alexa Knierim et Brandon Frazier sont largement au-dessus du lot. Ils sont aussi les patineurs les plus expérimentés de ce segment de la compétition. Dans des tenues grises ornées de dentelle noire qui semblent avoir été dévorées par une araignée géante (avec dix jours de retard sur Halloween), le couple a choisi "Separate Ways" du groupe de rock alternatif Journey, qui sert de B.O. à Stranger Things, série TV de "science fiction horrifique". Le programme n'a rien d'effrayant, au contraire. Je préfère Alexa et son partenaire dans ce registre, que sur les musiques sirupeuses auxquelles elle était volontiers abonnée lorsqu'elle patinait avec son mari, Chris, devenu à présent l'un de leurs coaches, en renfort de Jenni Meno et Todd Sand. Comme souvent, la chorégraphie ne colle pas réellement à la musique et la descente du triple twist est chahutée. Alexa effleure la glace de la main à la réception du triple boucle piqué. Mais il n'y aura pas d'autre erreur et les Américains prennent facilement la tête avec 75.88 points. 

 

Récents troisièmes du Skate Canada, Sara Conti et Niccolo Macii ont le vent en poupe. Ils évoluent sur le tango "Oblivion", interprété par Mina, alias la "Tigresse de Crémone", star italienne des années 60 et 70, hélas surtout connue dans les patinoires pour son épouvantable "Magnificat", patiné il y a quelques années par Della Monica/Guarise. Le programme est bien construit et très bien exécuté. Seul un accroc sur le triple twist leur vaut des GOEs négatifs. Les composantes ne sont pas très hautes mais peuvent largement être améliorées. 68.69 points les classent seconds. 

 

Letizia Roscher et Luis Schuster sont entraînés par deux "pointures", Ingo Steuer et Robin Szolkowy, dans le berceau du patinage des couples allemands, Chemnitz. Dommage que la version de "In the Air Tonight" de Phil Collins soit un brin massacrée par Joseph William Morgan et Shadow Royale, avec une impasse coupable sur le fameux passage solo du batteur britannique, mais l'ajout inutile de grands bruits de percussions sur tout le reste du morceau. Ceci n'empêche pas les jeunes gens de patiner raisonnablement bien, avec une belle vivacité. Mais des erreurs et les GOEs négatives qui en résultent sur quatre des sept éléments font baisser leur capital points à 60.24.

 

Les Géorgiens Metelkina/Parkman, avec 58.70 sont 4èmes. Le hasard du tirage au sort nous gratifie de deux fois Beth Hart et Joe Bonamassa en quelques minutes, mais pas du même morceau. "I'll Take Care of You" a été utilisé par Laurine Lecavelier dans un SP, avec beaucoup plus de subtilité, sans le "O face" (bouche en coeur et yeux arrondis) apparemment cher à Anastasiia, d'autant plus dommage que le thème ne s'y prête vraiment pas. Une chute sur le triple boucle piqué parallèle leur vaut une ligne entière de -5. Dommage là aussi car le patinage est tout à fait correct (ils ne sont associés que depuis 2020, et on dû quitter Saint Petersbourg pour l'Allemagne au printemps dernier), et les composantes sont même très légèrement supérieures à celles des Allemands qui les précèdent. 

 

Ils ont un peu plus d'un an de pratique ensemble et Katie McBeath est la... sixième partenaire de Nathan Bartholomay. Aucune d'entre elles n'a visiblement pu lui inculquer le concept d'extension des pointes, ses mouvements, de jambes, comme de bras, ne sont jamais totalement aboutis. Il est, heureusement, un excellent porteur. Avec 35 GOEs négatives sur 63, des composantes qui oscillent entre 5.75 et 7.25, et un juge N° 9 particulièrement peu convaincu par les éléments, les Américains sont 6èmes (57.21). Le second couple italien, Caldara/Maglio les suit avec 55.70. Puis vient le couple britannique Vaipan-Law/Digby, 7ème (50.29), devant son public à plus d'un titre, Luke étant né à Sheffield. 



© Solène Mathieu - S.I.G.
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12 novembre 2022

Programme libre couples


Classement quasiment identique

 

On prend les mêmes et on recommence, à l'exception de McBeath/Bartholomay qui plongent à la dernière place du libre (44.31) et au 6ème rang final (147.29). Sur "The Blower's Daughter" de Chris Mann, Christina Aguilera et Damien Rice, leur prestation est entachée de grosses erreurs : triple twist mal réceptionné, chute sur triple flip lancé, spirale de la mort qui se termine parterre, porté "hand to hip" avorté. Un programme à oublier très vite.

 

Alexa Knierim et Brandon Frazier remportent donc sans surprise ce Grand Prix de Sheffield (129.97/205.85) avec une avance confortable. Au son de "Healed Broken Wings" de Karl Hugo, leur patinage est très américain, c'est à dire lisse et appliqué. Le programme, monté sur un seul morceau musical, ce qui est appréciable, est agréable sans être transcendant. Ils sont fluides et rapides et se reprennent vite après une erreur sur le triple boucle piqué et une autre sur le triple Salchow. 

 

© Solène Mathieu - S.I.G.
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Conti/Macii ont opté pour "Cinema Paradisio", un grand classique des patinoires, mais très bien exploité. Ils l'interprètent avec beaucoup de talent et de délicatesse. Un souci sur le triple boucle piqué, un autre sur le triple Salchow lancé et surtout un dernier avec le porté groupe 3 qui ne monte pas du tout, creusent l'écart de points entre eux et les Américains : 115.50, pour 184.19 ou total, ce qui leur assure néanmoins une médaille d'argent méritée. Petite anecdote de fin de programme : à peine la musique arrêtée Sara fustige verbalement et ouvertement son partenaire. Tout se termine très vite par des embrassades, alors que ma première pensée, peu charitable il est vrai, a été "Barbara Fusar-Poli, sors de ce corps" ! On est heureusement très loin du célèbre regard fixe, noir et interminable (les fameuses trente longues secondes de "death stare" restées dans les annales) de leur redoutable compatriote à Maurizio Margaglio, qui avait eu la malencontreuse idée de tomber lors des Jeux Olympiques de Turin 2006 ! "On ne pensait même pas avoir une médaille cette année en Grand Prix. On en a eu deux...! Nous irons peut être en finale ce serait incroyable mais nous attendons bien sûr les résultats des prochains Grands Prix. Si nous n'avions pas manqué notre dernier porté aujourd'hui, notre total de points aurait été un peu plus haut et cela aurait été mieux en cas d'égalité de points pour la qualification. On verra ! La finale est en Italie, c'est stressant. Nous n'aimons pas patiner avec nos parents dans le public (rires)".

 

Roscher/Schuster restent troisièmes et repartent avec le bronze (107.13/167.37). Letizia porte une "catsuit" mauve dégradé dans la plus pure tradition des années 80 et 90. J'aime leur programme sur "Experience" d'Einaudi, et "Every Ending is a Chance" de Claire Wyndham et Arianne Gonzalez. Le couple est élégant et à l'aise. Ingo Steuer et Robin Szolkowy ont effectué un travail d'orfèvre pour masquer les faiblesses de leurs poulains. Et ça marche plutôt bien, malgré les problèmes rencontrés sur de nombreux éléments dont deux des trois portés. 

 

Metelkina/Parkman sont curieusement tout sourire sur un thème pourtant triste : "Lamentations" du pianiste québécois Marimuz. Eux aussi commettent des erreurs. Il n'y a eu aucun programme propre chez les couples hier, il n'y en aura pas non plus aujourd'hui. Les Géorgiens ont un potentiel indéniable, mais il leur faudra encore travailler technique et expression. Ils sont 4èmes.

 

A la faveur du ratage complet du deuxième couple américain, Caldara/Maglio et Vaipan/Law/Digby gagnent une place dans ce libre, mais les Britanniques restent derniers et les Italiens terminent 5èmes. 



Par Kate ROYAN pour Skate Info Glace - Propos recueillis par Solène MATHIEU