Interview Solène Mazingue et Marko Jevgeni Gaidajenko

24 mars 2023


 

Solène Mazingue a commencé sa carrière de danseuse en France, avant de rejoindre Marko Jevgeni Gaidajenko en Estonie, pays qu’ils représentent désormais ensemble. A l’automne 2022 lors d’un entraînement à Montréal, Solène et Marko ont chuté sur un porté. Atteinte d’une fracture du crâne et d’une hémorragie cérébrale, Solène a été hospitalisée en urgence. Trois mois plus tard, à force de résilience et de persévérance, Solène a retrouvé le chemin de la patinoire. En mars 2023, nous avons eu la très belle surprise de les revoir sur la glace de Saitama lors des championnats du monde.

 

Comment se sont passés les Championnats du monde ?

Marko : C’était incroyable ! Le public japonais nous a donné beaucoup de soutien. Nous avons absorbé leur énergie comme des éponges et avons essayé de leur rendre sur la glace. C'était une étape importante pour nous, et nous étions reconnaissants de cette opportunité de pouvoir patiner devant un public.

Solène : Patiner cette danse rythmique était important pour nous, car cela marquait notre retour. Je voulais me prouver que j'allais bien. J'ai dû tout réapprendre : marcher, parler en Anglais… Maintenant, je peux marcher, parler et sourire !

Marko : J'ai essayé de soutenir et d’aider Solène autant que possible. Le travail qu'elle a accompli ces cinq derniers mois a été incroyable. Pendant son séjour à l'hôpital, elle a rencontré beaucoup d’obstacles mais elle n'a jamais abandonné. Elle a réalisé tous les exercices que les médecins lui ont donnés : exercices d'équilibre, exercices de concentration... Nous avons d’ailleurs utilisé le livre “Où est Charlie ?” pour travailler la concentration.

 

Combien de temps êtes-vous restée à l'hôpital ?

Solène : Huit jours dont cinq en soins intensifs.

 

Quand vous étiez à l'hôpital, imaginiez-vous pouvoir patiner aux Championnats du monde la même année ?

Solène : Trois jours après mon accident, j'ai demandé aux médecins si je pouvais aller aux Mondiaux. J'y ai pensé tout de suite !

 

Quelle a été l'étape la plus difficile de votre parcours ?

Solène : Sortir du déni et comprendre que j'avais eu un accident. Au début, je ne comprenais pas tout à fait ce qu’il m'arrivait. Faire face à la réalité était très dur. C'est un accident très dangereux. Ensuite, retourner sur la glace a été difficile, même si je le voulais ! Cela signifiait retourner là où j'ai failli mourir.

 

Pourquoi et comment avez-vous décidé de revenir sur la glace?

Solène : J'ai commencé à patiner à l'âge de trois ans et j'avais déjà les Jeux Olympiques en tête. Je suis revenue avec cet objectif d’y participer un jour. Et aussi parce que j'adore patiner ! J'adore les sensations sur la glace et j'adore patiner avec Marko.

 

Vous avez reçu beaucoup de soutien via les réseaux sociaux.

Solène : J'ai commencé à parler de mon accident et mon parcours sur les réseaux sociaux pour montrer que tout est possible et que lorsqu’on croit en soi et qu’on ne baisse pas les bras, on réussit. Je voulais redonner espoir à tout le monde. Je suis reconnaissante pour le soutien que j'ai reçu. J'ai reçu beaucoup de messages de patineurs et de fans.

 

Nous avons notamment vu des messages de soutien de Guillaume Cizeron.

Solène : Oui ! L’Ice Academy de Montréal, ma famille et la famille de Marko m'ont beaucoup soutenue. Les messages de Guillaume m’ont aidée.

 

Quand la décision de participer aux Championnats du monde a-t-elle été prise ?

Marko : Solène est revenue sur la glace en janvier, deux mois avant les Championnats du monde. Au début, elle patinait 20 minutes par jour. Nous avons ensuite commencé à faire quelques éléments techniques de notre danse rythmique. Au bout d'un moment, nous avons envisagé de participer aux Championnats du monde. Nous savions que nous ne patinerions que la danse rythmique. La danse libre était trop dangereuse, avec de nombreuses transitions et éléments, dont quatre portés. Mentalement, cela aurait aussi été trop tôt. Nous devions y aller une étape à la fois. Environ deux semaines avant les Mondiaux, les médecins de Solène et notre fédération ont accepté que nous venions à Saitama pour patiner notre danse rythmique.

Solène : Si nous nous étions qualifiés pour la danse libre, nous aurions déclaré forfait. Nous ne sommes pas venus à Saitama pour obtenir un classement. Nous voulions simplement nous faire plaisir.

 


Solène MATHIEU - Skate Info Glace