Interview Jason Brown

2023


 

A la suite des championnats du monde, nous avons pu interviewer Jason Brown afin d'échanger sur sa saison et sa nouvelle trajectoire post-JO, entre galas, compétitions et autres projets professionnels.

 

Comment se sont passés vos championnats du Monde ?

Jason : J'ai vraiment adoré y participer, c'était une expérience incroyable ! J'ai eu la chance de me produire lors de galas au Japon cette année, cela m'a vraiment aidé à me sentir à l'aise devant un public. J'étais enthousiaste à l'idée de participer aux championnats du monde et je voulais donner une belle performance au public japonais. J'espère qu'ils s'en souviendront, tout comme mes entraîneurs et moi. Sur le programme court, mon meilleur score est autour de 97 points, donc je rêvais d'atteindre les 98 ou même les 99. Ce serait le rêve absolu d'obtenir un score de 100 dans une compétition internationale, mais c'était ma première compétition en dehors des États-Unis cette année, et il y a de nouvelles règles concernant les pirouettes et les notes de composantes. En tout cas, j'ai passé une semaine extraordinaire et je suis très fier d'avoir battu mon record sur le programme long.

 

Vous n'avez pas participé aux Grands Prix. Vous avez repris la compétition lors des championnats des États-Unis, puis aux championnats du monde. Comment et quand avez-vous décidé de revenir à la compétition ?

Jason : Je ne pensais vraiment pas revenir à la compétition après les Jeux Olympiques. À vrai dire, je songeais sérieusement à prendre ma retraite, mais je voulais prendre le temps de réfléchir avant de faire une annonce officielle. J'ai eu l'occasion de participer à de nombreux galas, comme Stars on Ice aux États-Unis et des tournées au Japon, et cela m'a vraiment enthousiasmé. C'était un boost d'énergie de retrouver de pouvoir performer devant un public après cette période de COVID-19. À la fin du dernier gala, on m'a proposé de participer au Japan Open. J'étais considéré comme retraité parce que je ne participais pas aux Grands Prix. On m'a donné la possibilité de présenter mon programme libre de 2022, mais j'ai ressenti le besoin de fermer ce chapitre et de repartir sur un nouveau programme. Lors du Japan Open, j'ai exprimé à Tracy à quel point j'aimais le patinage et combien je ne voulais pas arrêter la compétition. C'est à ce moment-là que nous avons entamé une réflexion stratégique pour la saison, car je ne voulais renoncer à aucun des galas prévus.

 

Avant les Championnats du monde, vous avez participé aux galas organisés par Yuzuru Hanyu. Vous avez ensuite séjourné au Japon pendant quelques semaines. Pouvez-vous nous en parler ?

Jason : Je suis arrivé à Sendai environ trois semaines avant les championnats du monde et j'ai eu la chance de participer aux galas de Yuzu. C'était absolument incroyable. L'émotion était palpable, tant pour le public de Sendai que pour Yuzu lui-même. C'était vraiment touchant. J'ai été profondément ému lorsqu'il m'a demandé d’y participer. Bien évidemment, j'ai immédiatement accepté ! J'ai pu présenter une version de mon programme court et de mon programme long lors de ces galas, ce qui m'a permis de m'entraîner en même temps. Ensuite, j'ai eu la chance de m'entraîner avec Rinka Watanabe au Japon pendant une semaine. C'était une opportunité fantastique. La patinoire était de la même taille que celle de Saitama, où se sont déroulés les championnats du monde. Aux États-Unis, les patinoires sont généralement plus petites, adaptées au hockey sur glace.

 

L'année a été très remplie, entre les compétitions, les galas, les chorégraphies et votre rôle de journaliste pour Team USA... Comment faites-vous pour tout gérer ?

Jason : Je dois dire que j'ai énormément apprécié cette année chargée ! Pendant 22 ans, ma vie était essentiellement axée sur la compétition. Pendant la préparation des Jeux olympiques, la situation avec le COVID-19 a rendu les choses encore plus intenses et je me suis retrouvé à me concentrer principalement sur moi-même, avec une bulle très restreinte autour de moi. Cette année a été tout le contraire. J'ai ressenti le besoin d'explorer de nombreuses facettes de ma personnalité et de ce sport que j'aime tant. Chaque aspect dans lequel je me suis investi m'a permis de devenir un patineur encore meilleur.

 

Aimeriez-vous continuer à faire tout cela l'année prochaine ?

Jason : Absolument, si c'est possible. Travailler en tant que journaliste lors du Skate America m'a donné un aperçu précieux de votre réalité, de ce qui se passe en coulisses et de la préparation des interviews. De plus, tous les galas auxquels j'ai participé ont contribué à améliorer mes qualités de performance sur la glace. Dès que vous patinez, vous devez donner le meilleur de vous-même, peu importe les imprévus. Que ce soit un problème avec votre costume, vos patins, la fatigue ou une douleur, vous devez vous assurer que le spectacle continue. Lorsque les lumières s'allument, c'est parti ! Cela demande une grande adaptabilité. Les galas m'ont également permis d'explorer de nouvelles méthodes d'entraînement. En vieillissant, je dois faire preuve de créativité, car je ne peux plus m'entraîner de la même manière qu'auparavant. Mon corps ne peut pas supporter autant de sauts. Ces compétences se sont révélées extrêmement bénéfiques lors de compétitions telles que les Championnats du Monde. Lorsque j'ai participé à l'Ice Explosion au Japon, nous avons enchaîné six galas en un week-end, avec cinq numéros, des performances de groupe et des solos. C'était un excellent moyen de rester en forme.

 

Vous avez chorégraphié le programme court de Daniel Grassl. Avez-vous pu le voir patiner aux Championnats du monde ?

Jason : Oui, absolument ! C'était tout simplement incroyable de le voir patiner si brillamment. Il a livré une performance exceptionnelle et j'adore son programme. Le voir donner vie à cette chorégraphie sur la glace des championnats du monde était tout simplement magnifique. Je suis extrêmement fier de lui. Je suis fan de Daniel et j'adore le voir évoluer en tant que patineur. On m'a dit qu'il avait regardé mon programme long dans la zone mixte. Nous nous encourageons mutuellement.

 

On pourrait considérer Daniel comme l'un de vos concurrents. Comment gérez-vous cela ?

Jason : Je ne le vois plus de cette manière. Pendant une grande partie de ma carrière, je me concentrais sur mon classement et mes concurrents. Mais maintenant, après avoir conclu un chapitre important de ma carrière à Pékin, j'ai l'impression d'avoir ouvert un nouveau livre où je peux apprécier la beauté des programmes des autres patineurs. Mon objectif est de soutenir les autres patineurs et de les encourager à donner le meilleur d'eux-mêmes pour apporter une contribution positive à notre sport.

 

Aimeriez-vous continuer à travailler en tant que chorégraphe ?

Jason : Absolument ! J'aimerais beaucoup continuer à exercer en tant que chorégraphe. C'est un aspect très captivant de notre sport. J'aime mettre en valeur les personnalités et les styles individuels des autres patineurs, et leur permettre de raconter des histoires uniques sur la glace.

 

Votre programme Riverdance de 2014 continue de susciter l'attention sur les médias sociaux et de recevoir de nombreux compliments de la part du public. Comment le percevez-vous, des années plus tard ?

Jason : Au fil des années, j'ai appris à apprécier ce programme de plus en plus. Il est arrivé au début de ma carrière et tout le monde ne cessait de comparer ce que je faisais ensuite à Riverdance. Honnêtement, cela a été un peu difficile à gérer. Je voulais montrer à tout le monde à quel point j'avais grandi depuis Riverdance. J'ai cherché à recréer un autre de ces moments plutôt que de créer de nouvelles expériences. Je me suis parfois senti pris au piège. Cependant, avec le recul de neuf ans et en comprenant l'importance de ce programme, j’ai appris à l’apprécier. J'ai réalisé à quel point ce moment était unique et rare, et j'apprécie les réactions positives du public.

 

La transition vers le triple Lutz dans ce programme était vraiment impressionnante. Est-ce qu'on pourra la revoir ?

Jason : C'est possible ! Je suis encore capable de la faire à l'entraînement. Il faudrait juste trouver le bon programme pour la réintégrer.

 

Boston organisera les Mondiaux en 2025. Envisagez-vous d'y participer ?

Jason : C'est encore un peu loin dans le futur. J'ai vraiment apprécié cette année, et si je peux continuer... Qui sait ce que l'avenir me réserve !

 


Solène MATHIEU - Skate Info Glace