Riku Miura et Ryuichi Kihara

 

FINALE GRAND PRIX TURIN

9 décembre 2022

Programme libre couples


 

Historique !

 

En  remportant cette Finale, Miura/Kihara signent la première victoire japonaise de l'histoire du patinage par couples. La Palavela est aux trois quarts vide mais de très nombreux drapeaux japonais sont agités dans les tribunes. Sur "Atlas 2" du groupe américain Sleeping at Last et "Shared Tenderness" de Karl Hugo, le couple va commettre quelques erreurs qui auraient pu lui coûter cher : d'abord sur la combinaison trois fois double boucle piqué, puis une main sur la glace à la réception du triple Salchow pour Ryuichi, et celle de Riku à la réception du triple Lutz lancé. Stress ? La veille Riku a avoué avoir senti la pression, elle est encore plus forte aujourd'hui, et comme elle le dira en conférence de presse : "j'ai commis une erreur sur un saut et je me suis sentie coupable pour mon partenaire. Jusqu'à ce que les notes tombent, nous étions inquiets". "C'est la première fois en huit ans que je rate un triple Salchow, ça ne m'a pas semblé de bonne augure" ajoute Ryuichi. Elles tombent ces notes, et elles ne sont que légèrement supérieures (1,40 point au total) à celles de Knierim/Frazier, tout comme lors du programme court. Mais cela suffit pour gagner et le couple fond en larmes. Leur programme est romantique sans être mièvre et très bien construit. Mention particulière au triple boucle lancé placé en 9ème élément sur 11 !

 

Alexa Knierim et Brandon Frazier

 

135.63 pour le libre et 213.28 au total, Alexa Knierim et Brandon Frazier, qui passent avant les Japonais, se doutent déjà que ce ne sera pas suffisant pour les battre et affichent des visages plus que crispés à l'annonce des notes. Ils obtiennent néanmoins leur Season Best. Leur programme est joli à défaut d'être original et ils sont de fins techniciens. Mais le couperet de la guillotine tombe quand leur combinaison de sauts se transforme en triple boucle piqué/simple boucle piqué. Brandon loupe ensuite son triple Salchow. Les Américains ont assez de nerfs et d'expérience pour ne pas se laisser abattre et la suite du programme sera très propre. En salle de presse, Alexa nous ressort, quasiment mot pour mot, le discours de la veille : "nous sommes fiers de notre programme, contents de notre résultat [son expression dément complètement son affirmation !] mais il nous reste des choses à travailler." Brandon confie qu'il est un peu déçu par ses propres erreurs, ce que sa sévère partenaire approuve d'un signe du menton. Elle parvient cependant à offrir un vrai sourire quand elle souligne que leur seconde place en Finale est une première pour le patinage de couples américain. Décidément la journée est historique ! 

 

Sara Conti et Niccolo Macii

 

On attendait le second couple américain sur le podium et... ce sont des Italiens qui vont grimper sur la troisième marche. Pas Ghilardi/Ambrosini, non, leurs cadets !! Devant la tribune de presse, une très élégante dame aux cheveux gris vêtue d'un pull rose vif, saute littéralement de son siège et court dans la coursive les bras en l'air. Maman Conti ou Macii ? Son bonheur, communicatif, fait plaisir à voir ! Je suis heureuse aussi, pas très gentiment, parce que Conti/Macii ont doublé pour de bon leurs aînés. Ils leur sont tellement supérieurs en tout ! Bien meilleurs techniciens (ce n'est pas difficile...), légers, fluides et délicats. Leur thème "Cinema Paradisio" d'Ennio Morricone, a déjà beaucoup été utilisé en patinage, mais ils le font avec talent et sensibilité. Le programme comporte des erreurs importantes : combinaison en séquence avortée, chute sur le triple Salchow, triple boucle lancé réceptionné sur deux pieds. Sara ne parvient pas à garder la lame de son patin en main lors d'un porté, mais ce ne sera pas sanctionné. Et le jeune couple, devant son public, réalise un petit exploit : 3ème du libre avec 187.02, et médaillé de bronze avec un total de 187.02. En conférence de presse, ils débordent de tendresse l'un envers l'autre et sont radieux. Médaille historique pour l'Italie là aussi, Della Monica/Guarise n'ayant atteint que le 5ème rang d'une Finale de Grand Prix. 

Que deviennent Stellato-Dudek/Deschamps dans tout cela ? Avec 194.94, ils dégringolent à la 5ème place du libre et à la très ingrate 4ème place finale (184.28). Trop d'erreurs, dommage car le thème de Cléopâtre va comme un gant à Deanna qui est quasiment son alter ego : belle, redoutablement intelligente, cultivée, forte personnalité. Problème dès le triple twist dégradé, premier boucle piqué retourné pour elle et l'impossibilité d'enchaîner la combinaison, main à la réception du triple Lutz lancé, le double Salchow obtient des grades d'exécution négatifs. Mais la qualité de patinage est très supérieure à celle des Italiens qui les précèdent dans le libre, et même à celle de Conti/Macii (en s'y prenant de bonne heure, Deanna aurait pu être la maman de Sara !). Les portés sont de toute beauté et la glisse d'une finesse exemplaire.

 

Ghilardi/Ambrosini sont 4ème du libre (116.85) et 5èmes au total (180.39). Plus la saison avance, plus leurs prestations se délitent et moins j'aime leur Barbier de Séville. Le programme est surjoué au maximum et la technique est aux abonnés absents. Un simple Axel, et en plus mal exécuté, à ce niveau de compétition ? Rebecca pose les deux mains sur la glace à l'arrivée du triple boucle lancé, le triple Salchow passe en double et en double raté, le triple Lutz lancé est réussi, ouf ! Passer de Queen à Rossini prouve qu'ils peuvent s'exprimer dans plusieurs registres est une très bonne idé, encore faut-il éviter de refaire exactement les mêmes erreurs d'un programme à l'autre. Le couple a cependant l'excuse d'être devant son public, avec une place à défendre dans les rangs nationaux et donc une bonne dose de pression. N'empêche... Dix années d'expérience pour Filippo, six pour Rebecca et elles n'ont pas l'air de leur servir beaucoup. 

 

Les Américains Chan/Howe s'en sortent mieux qu'hier mais le thème choisi est mièvre à souhait : "Unchained Melody" du film Ghost. Si on y ajoute un patinage sans relief et une grande fébrilité, l'ensemble laisse vraiment à désirer. Triple boucle piqué retourné sans combinaison, chute sur les deux sauts lancés, des hésitations sur tous les éléments. Ils conservent leur 6ème place au libre (109.06) comme au général (162.91).


par Kate ROYAN pour Skate Info Glace