CHAMPIONNATS DU MONDE

Interview Evelyn Walsh et Trennt Michaud

25 mars 2022



Le lendemain de leur programme long aux championnats du monde, je retrouve les Canadiens Evelyn Walsh et Trennt Michaud. Sous le soleil de Montpellier et avec le bruit des mouettes pour fond sonore, cette interview est un moment privilégié pour échanger sur leur saison, leurs objectifs et leur participation à la série "Spinning Out" !

 

Solène : Parlez-vous Français ?

Trennt (Il démarre en Français, puis passe rapidement en Anglais) : Je parle un peu Français. Je m'appelle Michaud mais je suis un faux Français (rires). Je comprends assez bien lorsque je suis en France, mieux qu'au Canada où l'accent est plus fort, mais on ne fera pas l'interview en français (rires).

 

Solène : Quel est votre bilan de ces championnats du monde ?

Evelyn : Nous sommes plutôt contents. Le programme court ne s'est pas complètement déroulé comme aux entraînements. Pendant le programme long, nous nous sommes concentrés sur nous-mêmes. C'était la dernière fois que nous le patinons, ce qui rendait ce moment unique et spécial, surtout que nous aimons beaucoup ce programme. Nous sommes contents de clôturer ce chapitre et de passer à la prochaine olympiade.

Trennt : Il y a des éléments techniques que nous avons réalisés mieux ici à Montpellier qu'à n'importe quelle autre compétition. Il y avait beaucoup de pression, car ce sont les championnats du monde. Ce n'était pas facile, mais nous avons réussi à tenir cette pression. Cela nous donne confiance en nous.

 

Solène : Vous n'étiez pas sélectionnés, vous étiez prévus comme remplaçants et vos compatriotes Kirsten Moore-Towers et Michael Marinaro ont déclaré forfait, ce qui vous a permis de venir. Comment cela s'est-il passé ?

Trennt : Nous l'avons su une semaine après les Jeux Olympiques.

Evelyn : Ce n'était pas une grande surprise. Nous nous sommes toujours entraînés comme si nous allions participer à ces championnats. Nous avions besoin de cet objectif, et c'est beaucoup plus simple de fonctionner comme cela, plutôt que d'arrêter de s'entraîner et de reprendre subitement à la dernière minute. Nous étions très heureux quand nous avons appris notre sélection, et déjà plutôt prêts. 

 

Solène : Quel a été le meilleur moment de cette saison pour vous ?

Trennt : Il y en a eu plusieurs, notamment les championnats nationaux canadiens où nous avons très bien patiné, et partagé un beau moment avec Kirsten et Michael. Les 4 Continents ont également été agréables, notamment le programme court. La compétition est intervenue juste après le tourbillon des championnats nationaux (NB : et leur non-sélection aux Jeux Olympiques malgré leur deuxième place). 

 

Solène : Et le moment le plus difficile de la saison ?

Evelyn : Nous essayons de ne pas le voir comme cela, mais plutôt comme une expérience dont nous tirons des enseignements, mais c'est vrai que le Skate America ne s'est pas bien passé. C'était dur car il s'agissait du début de l'année olympique et nous savions que nous devions faire nos preuves pour obtenir la sélection olympique. Cela nous a beaucoup stressé.

 

Solène : Quels sont vos projets pour la suite ?

Trennt : Nous allons prendre du repos. Evelyn va voyager à Paris puis Venise. Je rentre chez moi puis je pars du côté de Calgary pour passer du temps entre amis. Nous avons ensuite un gala à Boston et nous allons commencer à écouter des musiques pour trouver nos prochains programmes, en parler avec notre entraîneur Alison (Purkiss), puis avec Carol (Lane) et Juris (Razgulajevs) qui seront à nouveau nos chorégraphes. C'est une période enthousiasmante.

 

Solène : Deniss Vasiljevs disait à Kate Royan ce matin qu'il écoutait plus de 500 musiques pour trouver la bonne pour ses programmes (Interview de Deniss). C'est votre cas également ?

Trennt : Non, on ne va pas si loin ! (rires)

Evelyn : Nous en écoutons beaucoup et nous voyons s'il y a une connexion avec la musique. Cela va parfois très vite et parfois beaucoup moins ! Nous souhaitons ouvrir nos horizons sur un nouveau style l'année prochaine. Nous avons l'habitude du lyrique/moderne mais nous ne voulons pas nous y enfermer. Nous avons quatre ans pour expérimenter. 

 

Solène : Le Canada a toujours eu des couples artistiques de très bon niveau. Dans quelle mesure cela vous inspire-t-il ?

Trennt : Cela nous inspire beaucoup ! Il y a souvent eu un couple artistique sur les podiums mondiaux, et quelques autres couples derrière avec de bons résultats. Cela nous pousse, nous voulons faire partie de cette équipe. J'ai d'ailleurs commencé le patinage de couple en regardant Jamie Salé et David Pelletier. 

 

Solène : Quels sont vos objectifs pour les prochaines saisons ?

Evelyn : Nous nous sommes vraiment concentrés sur cette saison, il faut que nous prenions le temps de réfléchir à la suite, mais il est clair que nous viserons les podiums sur nos prochaines compétitions. Par ailleurs, faire partie de l'équipe olympique 2026 est très important pour nous.

 

Solène : Vous étiez les doublures patinage dans la série Netflix "Spinning Out". Racontez-nous !

Trennt : C'était génial ! Nous avons pu voir l'envers du décor d'un tournage. Nous avions vraiment hâte de voir la série et à quoi elle ressemblerait car nous avions finalement peu d'informations. Nous n'avons pas vu le tournage des autres scènes que les nôtres ou même le scénario. La personne qui nous dirigeait avait beaucoup d'expérience dans le domaine. Elle a travaillé sur les spectacles "Disney On Ice" et sur les films "Blades of Glory" et "Moi, Tonya". Je regarde les films complètement différemment maintenant !

Evelyn : C'était pendant l'inter-saison donc nous avons pu en profiter. C'était une expérience unique. Nous avons maintenant tellement de respect pour les acteurs et leur résilience. Un jour, nous avons fait 25 prises du même porté pour filmer tous les angles !

Trennt : Nous avons travaillé trois week-ends d'affilée, et quelques jours par ci par là sur une période de deux mois. Nous sommes rentrés des championnats du monde de Saitama et le lendemain nous avions rendez-vous à 5h30 du matin à la patinoire pour le tournage. 

Evelyn : Il est aussi arrivé qu'on nous appelle en dernière minute. 

Trennt : Oui, parce qu'il n'y a pas de notion du temps sur un tournage !

Evelyn : S'il faut tourner une scène encore 25 fois et qu'il est déjà 22h, peu importe, on tourne ! Ils sont très investis, c'est inspirant.

Trennt : Certains membres de l'équipe de tournage ne se rendaient pas compte que nous ne pouvions pas faire 25 triples Twist à la suite ! Heureusement, les cascadeurs professionnels qui connaissent bien les dangers du métier nous protégeaient et limitaient à 5 triples Twist.

 
Sur place : Solène Mathieu - S.I.G. ©