© Myriam Cawston
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Mondiaux Helsinki 2017 - Court Couples


Sui/Han prennent l'avantage...

 

Le public ne s'y est pas trompé et le tonnerre d'applaudissements qui salue leur prestation est éloquent. Tout, dans le programme des Chinois, est pensé, calibré, ciselé, et le résultat est formidable. La composition colle à la musique, au mouvement près. L'interprétation est à la hauteur de la densité chorégraphique, meilleur vecteur d'émotion. L'exécution ne sera pas sans quelques petites erreurs, mais avec 81.23 points, malgré des niveaux 3 sur deux éléments, le couple chinois s'installe provisoirement en tête. Provisoirement, car Savchenko/Massot ne sont pas loin. Sur la musique de "That Man", ils ont l'air de s'amuser comme des fous, elle qui joue les mutines et lui les désinvoltes. Pourtant la difficulté technique est partout. Il y aura avec eux aussi, quelques erreurs, comme sur leur incroyable triple Axel lancé, mais elles sont minimes et ne les empêchent pas d'engranger 79.84 points. Des niveaux 4 pour Tarasova/Morozov, et 79.37 pts, mais j'ai du mal à être convaincue par leur "Swing" et par leur patinage en général, qui me rappelle celui, aseptisé et ultra-classique, de certains de leurs aînés comme Bechke/Petrov et Shishkova/Naumov. Ce couple russe compte parmi les meilleurs techniciens du monde mais où donc est passée leur âme ?  

 

Yu/Zhang prennent la 4ème place avec 75.23 pts. Je suis perpétuellement épatée par la délicatesse et le toucher de glace de ce monsieur au physique de lutteur de foire. Patiner semble le débarrasser de son enveloppe terrestre et sa partenaire est une voltigeuse de haut rang. J'aime leur programme, leur musique et leur personnalité et je suis déçue que leur interprétation ne soit pas mieux récompensée. Au chapitre des déceptions, Stolbova et Klimov sont passés totalement à côté de leur programme. Fedor souffrirait-il toujours du dos ? Une chute sur chaque saut, deux déductions, et bien que leurs autres éléments soient de niveau 4, les voici à une triste 13ème place avec 65.69 points. Leurs chances de monter sur le podium semblent faibles, voire inexistantes. Par contre, tout n'est pas encore perdu pour Duhamel/Radford et leur excellent choix musical : "Killer" de Seal. Le rythme et la mélodie servent parfaitement leurs qualités athlétiques, ils sont toujours aussi toniques et volontaires. Mais ce sont les niveaux trois dont ils héritent sur tous les éléments (sauf le porté groupe 5) qui les relèguent en 7ème position avec un total de 72.67 points. A noter que les onze premiers du classement (déduction faite de Sui/Han) se tiennent dans la même dizaine de points.

 

Tout commence très bien pour Vanessa James et Morgan Ciprès (que la speaker insiste à appeller "Cipra"). L'entrée de leur programme est de plus en plus "hot", mélange de sensualité et de sensibilité.  Hélas, une grosse chute de Vanessa à la sortie du triple twist leur vaut une déduction et un niveau 2, ce qui va sévèrement les pénaliser. Mais il est essentiel de saluer leur sang-froid et leurs excellents réflexes : tout le reste du programme va être nickel. C'est à ce genre de réaction qu'on voit qu'un couple est entré dans la cour des très grands. En témoignent les applaudissements soutenus du public. 10èmes avec 70.10 pts, ils vont, j'en suis sûre, nous offrir un programme libre d'anthologie ! 

 

Mon coup de coeur du jour, et ce n'est pas que le mien, va aux Nord-Coréens Ryom/Kim. Qui s'attendait à les voir aussi originaux et dynamiques ? Sur une version très blues de "A Day in the Life" des Beatles (musique ô combien subversive quand on vient de leur pays), ils nous offrent un programme certes un peu junior, mais d'une fraîcheur et d'une qualité inattendues. Ils se classent 14èmes, juste derrière Stolbova/Klimov, avec 65.69 pts. Un coup de chapeau aussi aux Américains Scimeca-Kinerim/Knierim, 8èmes (72.17), après une longue absence et une préparation tardive due à la sérieuse maladie d'Alexa, ayant nécessité une chirurgie lourde. Il en faut du courage et de la volonté pour revenir à ce niveau et aussi vite ! 

 

Le second couple français, Lola Esbrat et Andreï Novoselov n'aura guère eu de chance aujourd'hui. Andreï est un bon porteur, Lola une jolie voltigeuse, légère et élégante. Leur programme court est très bien construit, et tire partie de toutes les nuances de la musique des "Mémoires d'une Geisha". Partie lente en première partie, accélération progressive. On devine de la sensibilité et de l'envie chez ces deux jeunes gens, mais le stress a apparemment fait son oeuvre. Trop d'erreurs pénalisantes les font échouer à la 27ème place (43.78) et les empêchent de passer le "cut". Dommage, il y a, avec eux, un vrai potentiel. 

 

Sur place : Kate Royan

 

 



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