Interview Alban PREAUBERT

Interview parue sur le site Annecy-Infosports en mars 2012

Propos recuillis par Kate Royan et Mehdi Bouzzine le 19 mars 2012

Alban Préaubert, qui a officiellement raccroché ses patins, s’est soumis au tir groupé (et nourri) des questions de Mehdi et Kate.

 

Annecy-Infosports : Vous avez récemment assuré les commentaires des championnats d’Europe, avec votre ancien entraîneur Philippe Pélissier et Géraldine Pons,  sur Eurosport. Nous vous avons trouvé particulièrement à l’aise, à la fois très professionnel et très divertissant, dans la veine d’un Michel Drouhard. Comment devient-on commentateur ? Allez-vous renouvelerl’expérience ? Pourriez-vous ou auriez-vous pu en faire un métier à plein temps ?

Alban Préaubert : Ma première expérience de consultant remonte au Grand Prix junior de Courchevel de 2008, retransmis sur Orange TV. J’avais vraiment adoré l’expérience, mais j’étais alors loin de me douter que la chance de commenter pourrait se matérialiser de nouveau. Pourtant, j’ai toujours été intéressé par le monde des médias. La preuve, dans le cadre de ma formation à l’ESCP Europe, j’ai suivi un cours de management des médias, j’ai effectué un stage d’un mois chez France Télévisions,  et j’ai rédigé un mémoire de fin d’étude sur les droits TV sportifs (avec bien sûr une partie conséquente sur le patinage…) !

Cependant, puisque je n’ai jamais réellement eu de formation spécifique de journaliste, il ne me serait jamais venu à l’esprit de proposer de mon propre chef mes services aux chaînes de télévision. Mais j’ai eu la bonne surprise d’être contacté par Eurosport en octobre, peu de temps après avoir raccroché officiellement les patins. Avec une saison aussi riche en événements, la chaîne souhaitait renforcer l’équipe de commentateurs, déjà brillamment constituée de Géraldine (Pons) et Philippe (Pélissier). Il m’a donc été proposé de faire un test lors du Skate Canada. Le test a été visiblement suffisamment concluant pour qu’Eurosport continue de me faire confiance tout au long de la saison.
J’aurai ainsi le grand bonheur d’être à Nice avec la chaîne. Et je croise les doigts pour que la collaboration se poursuive l’année prochaine et même bien au-delà,  car je prends vraiment beaucoup de plaisir à commenter.  Je suis, de plus, très heureux de retrouver une certaine complicité avec Philippe, qui m’a effectivement tant appris à propos du patinage lorsqu’il était mon entraîneur. L’avoir côtoyé pendant plusieurs années à Evry a sans aucun doute facilité l’intégration dans cette équipe et avec Géraldine, j’ai effectivement le sentiment que nous formons un trio parfaitement complémentaire.

En faire un métier à temps plein me semble par contre complètement utopique. Mon expertise dans d’autres disciplines, bien que non nulle, est insuffisante pour garantir une réelle crédibilité en tant que consultant, et le nombre de compétitions de patinage diffusées est largement insuffisant pour pouvoir vivre de cette activité. Pourtant, je souhaite saluer l’initiative d’Eurosport qui a pris le pari de racheter les droits de nombreuses compétitions cette saison et qui offre une vraie chance à ce sport, en lui donnant l’occasion de relancer ses audiences grâce à un renforcement de la couverture médiatique.

A-I : Au-delà de votre expertise technique, que vous apporte votre expérience de patineur de haut niveau dans vos commentaires ?

A.P. : A court terme, je pense que ma principale valeur ajoutée pour la chaîne est de connaître parfaitement la quasi-totalité des patineurs actuellement sur le circuit, pour les avoir rencontrés en compétition ou en stage. Je connais leurs principales caractéristiques, leur comportement, leurs points forts et leurs points faibles. Plus généralement à travers les discussions que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux, je connais bien leur parcours et il m’est donc relativement facile de les présenter sous un nouveau jour, avec certaines anecdotes pas forcément connues du grand public. Malheureusement pour les plus curieux, je m’interdis de révéler les plus croustillantes d’entre elles !!

A plus long terme, l’avantage  d’avoir été patineur de haut niveau est d’avoir déjà ressenti toutes les émotions auxquelles sont confrontés les patineurs avant, pendant et après leur prestation. Cela me permet d’anticiper certaines de leurs réactions et de mieux décrire au spectateur les sensations qu’ils peuvent ressentir.

A-I : Comment rendriez-vous votre sport plus attractif en termes d’intérêt télévisuel et de sponsoring ?

A. P. : Umberto Eco écrivait :  « le sport est fait pour aboutir à une émission de télévision ». Cette affirmation est plus vraie que jamais lorsqu’on parle de patinage artistique. Nous avons un sport magnifique, visuel et dynamique, qui dispose de plein d’atouts pour attirer les téléspectateurs, et donc, les annonceurs. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le patinage était, il n’y a pas si longtemps, la discipline sportive préférée des Français. Nous n’en sommes malheureusement plus là,  mais le potentiel n’a pas pu s’envoler comme ça ! Il y a donc énormément de choses à faire pour relancer le patinage en terme d’intérêt télévisuel.  Mon mémoire de recherche était en grande partie axé sur cette problématique : comment relancer médiatiquement le patinage artistique ? Donc j’ai inévitablement quelques idées. Mais ce mémoire faisait plus de 100 pages, donc j’imagine que ce n’est pas le moment pour entrer trop dans le détail ! Je me laisse toutefois la possibilité d’exploiter certaines de ces idées, ou de les confier à des gens de confiance pour qu’elles soient exploitées judicieusement.