Rassemblement F.F.S.G. Grenoble

4 et 5 décembre 2020


© Olivier Brajon
© Olivier Brajon

Les affaires reprennent...

 

Il ne s'agit pas d'une compétition, mais l'ambiance à la patinoire Pôle Sud est studieuse, tandis qu'il neige abondamment sur la ville olympique. Les patineurs seniors (sans les danseurs) sont "mis en situation" devant quatre juges internationaux, venus évaluer leurs programmes. L'occasion de découvrir ceux de Maïa Mazzara et Adam Siao Him Fa, absents des Masters à l'automne. La patinoire est intégralement vide, tout y résonne comme dans un temple. L'ambiance est étrange, mais quel délice de retrouver les visages familiers, l'odeur de la glace, le bruit des lames. Chez les coaches, sont présents : Claude Thévenard pour les couples, Brian Joubert pour Léa Serna, Laurent Depouilly pour Adam Siao Him Fa, Françoise Bonnard pour Kevin Aymoz et Maïa Mazzara. Le jury, est composé d'Elisabeth Louesdon, Véronique Fleury, Philippe Mériguet et Anthony Leroy. Nathalie Péchalat, Présidente,  et Dominique Blancon, Directrice Technique Nationale sont sur place,  ainsi qu'Annick Dumont, Responsable des Relations Internationales pour les disciplines d'expression,  et Vanessa Sanesti, Conseillère Technique Nationale. 

 

Vendredi matin, en guise de hors-d'oeuvre, les participants plongent dans les cartons de leur nouvel équipementier, Skidress. Fourrure polaire rouge, veste bleu marine et blanche,  la marque française respecte sa tradition tricolore et sa réputation d'élégance. Les patineurs sont en forme, ils n'ont pas négligé leur préparation physique bien que les compétitions s'annulent les unes après les autres. Mais côté mental, même si les sourires sont sur tous les visages, flotte dans l'air comme un parfum de fatalisme. Garder la motivation quand vous ne savez pas quelle sera la prochaine échéance, n'est pas si évident. "On fait avec..." Pas de découragement. Faire le dos rond, travailler, attendre et espérer, partir du principe que demain, tout ira bien. Si ce n'est pas le cas tant pis, au moins il n'y aura rien à regretter. Kevin et Maïa (ainsi que les danseurs Wagret/Souquet) sont inscrits à la Winter Star de Minsk (Biélorussie) le week-end prochain. Sauf cataclysme, la compétition aura lieu, les deux patineurs entraînés par Françoise Bonnard, dans cette même patinoire Pôle Sud,  sont en répétition. 

 

Taxé de racisme et assassiné sur les réseaux sociaux à cause du costume de son programme court, Kevin Aymoz en a changé. Pantalon kaki, tunique rouille ceinturée de doré, l'ensemble est plus proche d'une tenue orientale que tribale. Elle est aussi plus consensuelle. Prudent sur les sauts qu'il simplifie, il n'a, par contre, rien perdu de sa formidable glisse et de ses capacités d'expression. Quelles que soit les circonstances, Kevin met toutes ses tripes sur la glace. Son libre sur "Lay It On Me" de Vance Joy a été mis de côté, pour un retour à celui de l'an dernier. Les championnats du Monde de Montréal, en mars dernier,  ayant été les premiers sacrifiés sur l'autel du Covid, on  avait finalement  peu vu son "Lighthouse" de Patrick Watson. Ses fans vont se réjouir de le retrouver. L'émotion, même dans une patinoire vide, est toujours là. 

 

Adam Siao Him Fa a choisi la bande originale de "Starwars" pour son court et une très belle version acoustique, puis orchestrale, de "Leave a Light On" de Tom Walker pour son long. Il est techniquement affûté et, même dans ce contexte informel, il sait se montrer volontaire et énergique.  Le style est très différent de celui de son aîné, mais tout aussi efficace. Adam a visiblement faim de glace et de compétition. Même chose pour Maïa Mazzara, hyper concentrée. Elle interprète "Je vole" de Louane avec conviction et grâce, tout comme son libre sur un morceau plus classique. Quelques caméras tournent, FR3 avec Paul Peret, Télé Grenoble avec Lucile Dailly, celle de Julien Morin du Dauphiné Libéré. L'appareil photo d'Olivier Brajon de Patinage Magazine (que SIG remercie pour la fourniture des photos) émet son cliquetis régulier. Sans ces tribunes désertes, on pourrait presque croire que tout est normal.

 

Romain Ponsart a changé de registre avec Coldplay et "Fix You" pour le SP,  et un nouveau libre sur un medley du "King" Presley. Toujours aussi félin et élégant, il est n'est guère plus en réussite que Kevin sur le plan technique. A leur décharge, il doit être assez bizarre de se produire dans cette arène déserte, devant quatre juges ultra-attentifs, sans aucun soutien possible d'un éventuel public. Ni entraînement, ni compétition, plutôt mélange des deux, ce regroupement fédéral est une véritable réunion de famille, singulièrement assaisonnée au stress. Nathalie Péchalat et Dominique Blancon ont assuré, le matin même,  les patineurs de leur soutien,  et ont expliqué vouloir, avec ce évènement ponctuel, donner un brin de normalité à une saison qui, pour l'instant,  n'en est pas vraiment une. 

 

Léa Serna, sur "Experience" de Ludovic Einaudi vendredi, et "Young and Beautiful" de Lana Del Rey samedi, est plus tonique et plus assurée qu'aux Masters. L'absence d'enjeu majeur semble lui ôter une bonne partie du stress qui la gêne d'habitude. Plus décontractée, plus souriante, mieux dans ses patins, elle effectue deux bons programmes. Les deux couples, Cléo Hamon/Denys Strekalin et Coline Keriven/ Noël-Antoine Pierre sont les seuls à avoir déjà participé à plusieurs compétitions cette saison. Sur la glace, cela se voit. Les programmes sont plus aboutis et plus rôdés. Les difficultés techniques, ambitieuses, sont presque toutes réussies. Le rock de Gin Wigmore "Kill of the Night" et le "5ème Element" vont aussi bien aux premiers, que "U Turn" de Aaron aux seconds. L'avenir de la discipline est clairement assumé et assuré. 

 

L'un des moments les plus intéressants de ce regroupement va être le debriefing du samedi après-midi, sur la glace, avec le jury en bord de piste. Sans rien dévoiler des conseils donnés, on peut tout de même dire que tout, absolument tout, est passé au crible. Rythme, mouvements, placement en musique, difficultés techniques,  tout est décortiqué, et quantifié sur le plan mathématique. Même les costumes sont étudiés. Celui du programme court de Kevin semble moins plaire que l'original, à l'inverse de l'opinion publique.  Peut-être n'est-il pas utile de froisser les jurys étrangers en revenant aux motifs tribaux considérés, à tort ou à raison,  comme péjoratifs, leur assentiment global étant déjà difficile à obtenir. Il ne sera pas facile pour le patineur de trancher. 

 

Nouveau rendez-vous est pris à Cergy-Pontoise, les 19 et 20 décembre, avec cette fois, un Challenge et des sélections à la clef. Les championnats d'Europe de Zagreb ont récemment été annulés, reste l'énorme espoir de voir les Mondiaux de Stockholm maintenus. 

 

Sur place : Kate Royan

 

 

© Olivier Brajon
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