© Alice Alvarez - S.I.G.
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Challenge Cergy Equipes de France

19 décembre


Aren'Ice, Temple de la Glace 

 

Iceberg hi-tech échoué entre des champs et un centre commercial,  la patinoire mérite son nom.  Flambant neuve, mélange de noir,  blanc et gris ultra-design, superbe, une glace lumineuse, des tribunes confortables. Elles resteront vides, Covid oblige, mais la FFSG a réuni ses patineurs Elite face à neuf juges et un panel technique. Nous ne sommes plus en répétition, en état des lieux comme à Grenoble, mais en situation de vraie compétition. L'accueil est chaleureux et la présence des danseurs, juniors et seniors ainsi que l'ajout de deux juniors femmes, rend le plateau très alléchant. La journée, consacrée aux programmes courts, est sans temps mort. Une petite équipe de Canal Plus tourne un reportage sur Kevin Aymoz, le journal l'Equipe a délégué Clémentine Blondet, le reste de la couverture média est assurée par Benjamin Noël de Passion Patinage, Olivier Brajon de Patinage Magazine, ainsi qu'Alice Alvarez et moi-même pour S.I.G. 

 

Danse rythmique juniors : le monopole Villard de Lans 

 

Louise Bordet et Thomas Gipoulou étrennent une glace parfaite au son de "La La Land". Couple issu de la danse sur glace solo, formé en juin 2018, ils ne sont pas très  rapides, mais le rythme de la musique est parfaitement adapté à leur patinage. Un total de 49.62 prouve les progrès effectués depuis les Masters il y a deux mois. [Score : TES 27.54 - PCS 22.08] Foxtrot, sur "You've got a Friend in Me" de Michaël Bublé et Polka sur "Barnum" de Michael Crawford pour Eva Bernard et Tom Jochum, ne leur rapportent pas tout à fait autant qu'aux Masters, mais ils sont des interprètes plein de classe. [TES : 25.76 - PCS : 22.08 - Total : 47.84]. J'ai un faible pour la robe verte et noire de la demoiselle,  et leur superbe porté en chandelle. Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux évoluent sur le célèbre "Everybody needs Somebody" des Blues Brothers. Récents 5èmes de la Santa Claus Cup, ils obtiennent un score très proche. [TES : 26.65 - PCS : 21.86 - Total 48.51]. J'adore le patinage de Marie Dupayage et Thomas Nabais, pétillant comme du très bon champagne. Couple le plus "ballroom" de la compétition, ils compensent leur petite taille par une élégance innée. Quelle tenue de corps ! Avec pour thème principal "Singin' in the Rain", ils s'offrent le luxe de devancer leurs coéquipiers Terreaux/Perron. [TES : 31.83 - 29.29 - Total : 61.12] Lou et Noé sont, eux,  le couple le plus "soul" de l'après-midi. Sur "My Girl" et "Hey Joe" de la comédie musicale "Motown", leur gestuelle est arrondie, aboutie, et ils sont tous deux très expressifs. [TES : 30.11 - PCS : 27.32 - Total : 57.43] Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier sont les plus originaux, et les plus à l'unisson. "Your Feet're too Big" de Ken Page, carres profondes, rapidité, vivacité et précision, ils tiennent toujours, et sans contestation possible, le haut du pavé. [TES : 35.74 - PCS : 31.28 - Total : 67.02]

 

Danse Rythmique seniors : l'avenir est assuré

 

On oublie parfois un peu vite que la danse sur glace française ne s'arrête pas à  Papadakis/Cizeron.  L'hexagone dispose d'un vivier de danseurs aussi talentueux que déterminé à gravir les échelons. Lorsque l'ombre des quintuples champions d'Europe et quadruples champions du Monde ne plane pas sur la patinoire, les héritiers, tels des souris loin du chat,  dansent. Et dansent très bien même. A commencer par Julia Wagret et Pierre Souquet-Basiège, épaulés sur place par l'ancien danseur britannique John Kerr avec qui ils ont récemment travaillé en Floride et à Courchevel avant de terminer 2èmes de la Minsk Ice Star. Ils ont fait de gros progrès dans tous les aspects de leur danse rythmique sur "Singin' in the Rain" :  beaucoup plus fluides et expressifs, plus rigoureux et visiblement à l'aise, on devine un gros travail en amont et une réelle remise en question. Hélas, le score ne le reflète pas et me paraît sévère, en particulier dans les composantes. [TES : 34.51 - PCS : 27.26 - Total : 61.77] N'ayant pas encore pu réintégrer leur centre d'entraînement à Moscou, Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud s'entraînent toujours à Lyon Baraban et son accompagnés, à Cergy par Roxane Pétetin. Ils ont aujourd'hui les plus belles lignes sur la glace. Depuis les Masters, de jolies améliorations ont été apportées à leur RD sur "Too Darn Hot". Les mouvements sont parfaitement calés sur la musique et sont exécutés avec maestria. Ils sont tous deux très musicaux, lui expansif, très chevalier servant, elle plus mystérieuse, le regard espiègle. [TES : 47.12 - PCS : 29.82 - Total : 71.94] Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac ne sont qu'à 0.4 points, mais tout de même derrière les russo-lyonnais. Ils présentent ici leurs programmes pour la première fois cette saison. Ils font partie des rares danseurs à avoir changé de RD depuis l'an dernier alors que l'ISU autorisait exceptionnellement les prolongations en raison de l'annulation des derniers championnats du Monde. Au revoir "Les Demoiselles de Rochefort", bonjour "When you're too Good to Mama" de Queen Latifah/Taye Diggs et "Roxie" de Renée Zellwegger. Le thème leur va comme un gant. A 24 et 25 ans, ils sont de "vieux" routiers de la spécialité et viennent de fêter leurs cinq ans de mariage. Ils entrent directement dans le vif du sujet, très à l'aise, en osmose parfaite. Mais quelques erreurs, en particulier dans les twizzles, amputent leur score technique de quelques précieux points [TES : 40.05 - PCS : 31.86 - Total : 71.91]. Adelina Galyavieva et Louis Thauron, eux aussi privés de retour en Russie pour cause de Covid, s'entraînent en Italie, à Milan, avec Barbara Fusar-Poli, aujourd'hui très attentive en bord de piste. L'association de la redoutable Barbara, avec une Adelina, alias Mademoiselle 100 000 Volts, aurait pu donner un cocktail explosif. Or, tout va bien dans le plus calme des mondes. Leur RD sur la B.O. de "Mamma Mia" a beaucoup mûri, le programme est léché, rodé, puissant. Adelina incarne une Dancing Queen flamboyante, accompagnée d'un partenaire, fiable et solide,  à la personnalité très affirmée. Ils maîtrisent leur sujet de bout en bout. [TES : 43.11 - PCS : 32.08 - Total : 75.19] 

 

Programme court Dames juniors et seniors

 

Elles ne sont que deux : Lola Ghozali et Lorine Schild. La première patine sur "J'aime Paris" de Zaz, un rythme jazzy ambitieux car difficile à suivre et à interpréter. Mais elle s'en sort bien, avec triple Lutz et double Axel, mais  chute sur le triple flip en début de programme : TES : 26.46 - PCS 22.12 - Total 48.68. Lorine, sur "The Curse" d'Agnès Obel est apparemment victime du "maléfice" de la chanson, ses sauts ayant bien du mal à passer. Dommage car la construction du programme est intéressant et la jeune fille a du potentiel [TES : 25.22 - PCS : 22.00 - Total : 47.22]

 

Deux patineuses aussi chez les seniors, Maé-Bérénice Meité étant blessée et restée en Floride. Maïa Mazzara réussit l'exploit de me faire aimer "Je Vole" de Louane, chanson que je déteste d'habitude. Elle l'interprète avec grâce et sensibilité, et une très bonne fiabilité technique. Forte d'une 3ème place récemment remportée à la Winter Star de Minsk, elle enchaîne double Axel, triple Lutz et une combinaison triple boucle piqué/triple boucle piqué pas tout à fait complète. TES : 27.84 - PCS : 26.42 - Total : 54.26. Comme on l'avait vu aux Masters, Léa Serna a conservé son programme sur un mash-up d'"Experience" de Ludovico Einaudi et du discours final du "Dictateur". On sait que l'Axel n'est pas son toujours saut favori, mais il passe aujourd'hui sans problème, à part peut-être une jambe qui traîne un peu réception. Suit un triple Lutz/double boucle piqué, parfaitement exécuté. Tellement "facile" que le second saut pouvait passer en triple.  Curieusement, Léa chute à la réception du triple flip, qu'elle réalise sans souci d'habitude. A sa décharge, la jeune fille étrenne des patins neufs avec lesquels elle a à peine eu le temps de s'entraîner. On a mal aux pieds pour elle. TES : 24.42 - PCS - 25.60 - Total 49.02.

 

Programme court couples

Comme à Grenoble, ils ne sont que deux, Camille et Pavel Kovalev n'étant plus inscrits sur les listes ministérielles. La décision n'incombe pas à la FFSG qui, au contraire,  a tenté de plaider la cause de ses athlètes, Adrien Tesson étant également concerné. A suivre...  Denys Strekalin a la mine sombre aujourd'hui. Il passe de longs moments en compagnie de de la kinésithérapeute et de la médecin présentes. Pourtant, sur la glace, tout va bien. Tout de noir vêtus, le couple Hamon/Strekalyn, est aussi rock que la chanson de Gin Wigmore, "Kill of the Night" sur laquelle ils patinent. Ca décoiffe ! Rapides, avec des carres nettes et un grand sourire aux lèvres, ils sont totalement en immersion dans un pogramme qui s'est beaucoup étoffé depuis le début de saison. Leur triple twist a gagné en hauteur, leur triple boucle piqué parallèle est excellent et seule la pirouette finale est légèrement désynchronisée. Ils empochent un score très supérieur à celui des Masters. TES : 36.43 - PCS : 29.06 - Total : 65.79 (56.55 aux Masters). Avec Petru Guelfucci et un chant polyphonique : "Corsica", Coline Keriven et Noël-Antoine Pierre ont, cette année, la palme du choix musical le plus original.  La mélodie est envoûtante, émouvante et les deux patineurs très concentrés. Un strapping a remplacé l'attelle de poignet que Coline portait à Grenoble. Moins en réussite qu'aux Masters, le couple va néanmoins légèrement améliorer son score. TES ; 28.97 - 27.06 - Total : 55.03. Les tours de la pirouette ne sont pas tous synchrone et Coline chute à la réception du triple boucle lancé. Demain sera un autre jour...

 

Programme court messieurs seniors

 

Il pleut des cordes à l'extérieur de la patinoire. Sur la glace,  il pleut des quads à l'heure du warm-up de ces messieurs. "Fix You" de Coldplay va à Romain Ponsart aussi bien que son costume ultra sobre, pantalon noir et tunique crème, qui flatte sa longue silhouette. Si, à Grenoble, son SP lui avait valu quelques déboires, aujourd'hui, l'Ardennais est en grande forme et son programme court est l'un des meilleurs qu'il aie jamais réalisé. Tout passe : la combinaison quadruple/triple boucle piqué d'entrée de programme, le triple Axel et même le triple Lutz pourtant un peu court. Il me semble qu'il a terminé un peu en retard sur sa musique mais je ne sais pas si cela a été sanctionné. (Les protocoles ne sont pas accessibles). TES : 47.36 - PCS : 38.83 - Total : 86.19.

 

Décidément, ce programme court ne porte pas chance à Kevin Aymoz. Bien réussi aux Masters de Villard de Lans, il joue les chats noirs depuis. Pas convaincant à Grenoble, pas formidable à Minsk, loupé à Cergy. Il a pourtant un sacré potentiel ce programme. Mais pour l'instant c'est justement lui qui stresse et domine son patineur plutôt que l'inverse. Quadruple boucle piqué/triple boucle piqué avec un un retournement entre les deux ; chute sur une tentative de quad Salchow lancé trop court, triple Axel avorté et assorti d'un juron (tout s'entend dans une patinoire vide). Kevin reprend du poil de la bête avec une suite de pas d'anthologie. Mais les scores traduisent le malaise ambiant : TES : 31.47 - PCS 42.17 - TOTAL : 72.64. 

 

Adam Siao Him Fa est le troisième homme en lice. On découvre pour la première fois son costume "Star Wars" très sobre. Difficile d'incarner Anakin Skywalker avec une cape et un masque sur la glace... Adam a donc opté pour un compromis : deux textures de noir différentes dont une forme un V dans le dos, veste épaulée, cintrée et ceinturée, jabot blanc. Très réussi et parfaitement dans le thème. Le triple Lutz d'entrée est largement assez ample pour qu'un quatrième tour puisse y être ajouté dans un avenir proche, même si le triple boucle piqué auquel il est combiné "racle" un peu. Le quad Salchow prévu se transforme en double, ce qui, hélas,  fait mal au score. Mal engagé, son triple Axel passe pourtant parfaitement. Adam est capable de rattraper, en vol et au propre sens du terme, des déséquilibres importants, voire irrécupérables ! Ses pirouettes manquent un tout petit peu de vitesse mais sa suite de pas est de toute beauté. TES : 32.86 - PCS : 37.84 - Total : 71.70.

 

Sur place : Kate Royan

 

Skate Info Glace remercie chaleureusement Ninon Bardel et la F.F.S.G de leur permettre d'assister à ce rassemblement. 

© Alive Alvarez - S.I.G.
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