© Tanya Drubetskaya
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Euros 2018 - Libre Hommes


 

Et de six pour Fernandez ! 

 

Il fait un froid de gueux à Moscou aujourd'hui. La météo annonce -10°, mais "grâce" au vent, la température ressentie est de -15°. On vient, en quelque sorte, se mettre au chaud à la patinoire !

 

Premier groupe et première surprise avec le programme très élégant du Finlandais Valtter Virtanen. Il tente même un quadruple boule piqué (en sous-rotation et atterri sur deux pieds). L'Espagnol Felipe Montoya, sur la "Cumparsita", semble très ému. Il patine sur les paroles en V.O. plutôt que sur la musique et le public a un peu de mal à le suivre. Chafik Besseghier, plus en forme qu'au programme court, a choisi "Le Parrain" comme thème Olympique (un choix qui a, il y a un certain nombre d'années,  porté chance à un de ses compatriotes). Alors qu'il est plutôt connu pour ses talents de showman, aujourd'hui Chafik est concentré sur ses éléments et échange peu avec le public. Deux tentatives de quadruple n'aboutiront pas vraiment ; une main posée sur la glace à la réception du boucle piqué et un lutz en sous-rotation réceptionné sur deux pieds. Mais il gagne tout de même trois places au classement. Romain Ponsart, toujours aussi beau à voir patiner, va, lui, en gagner sept ! 20ème du court, 13ème du libre, 14ème au final. C'est un bon résultat pour lui, qui peine à se relancer depuis qu'il a été sévèrement blessé au pied il y a quelques années. 

 

Il était une fois Michal Brezina... On peut ainsi résumer son programme libre à Moscou. Quasiment le même que celui qui lui a valu une médaille de bronze européenne il y a des années. Son temps est-il passé ? J'ai noté la présence, derrière la barrière aux cotés de son coach, de son ami et ancien concurrent Tomas Verner. Le Suédois Alexander Majorov va faire un peu mieux que Brezina, mais sans plus. Sait-il déjà que son pays ne compte pas l'envoyer aux J.O. ? Le grand (au sens physique du terme, 1m80) Moris Kvitelashvili a abandonné ses habituels thèmes jazzy pour Imagine Dragon et il a eu raison. Hélas, il entame sa prestation par un Axel simple à la place d'un triple et la suite n'est que l'ombre de ce qu'aurait pu être son programme. Mon compatriote Alexeï Bychenko a conservé son libre de la saison dernière et tout ce qu'on va dire est qu'il a su rester (à peu près)  debout sur ses réceptions de sauts. C'est au tour d'Alexander Samarin de prendre la glace, le même Samarin qui a cassé ses patins lors des championnats russes, et qui n'a donc eu que deux semaines pour "casser" les nouveaux. Il commet de grosses erreurs mais parvient cependant à se classer juste derrière Bychenko. 

 

Le dernier groupe est très international. On y retrouve les Russes Kolyada et Aliev, l'Espagnol Fernandez, l'Italien Rizzo, le Belge Hendricks le Letton Vasiljevs, alias "le jeune prodige". 

 

Kolyada a tout le soutien du public qui en a fait son ultime favori. Il ouvre son programme sur Elvis Presley par un énorme quadruple Lutz et, comme souvent, tombe ! Il va de nouveau chuter sur un quadruple boucle piqué, mais réussir une combinaison triple Lutz/double boucle piqué. Il termine avec plus de 10 points d'avance sur Bychenko. A partir de là et jusqu'à Fernandez, la bataille se résume à "je fais tout ce que je peux pour ne pas avoir la médaille de bronze" ! Matteo Rizzo emporte la faveur du public avec un programme correct sur un medley des Beatles (les paroles "Help me keep my feet back on the ground" sont plutôt ironiques !), mais sans quad. L'arrivée dans l'équipe italienne d'Ivan Righini en 2013, (né à Moscou, il patinait pour la Russie sous le nom d'Ivan Bariev) a fait beaucoup de bien à Rizzo. Sans lui, je ne suis pas sûre qu'il se serait autant battu pour devenir le bon patineur qu'il est à présent. 

 

Le patineur suivant est Jorik Hendrickx. Il paraît beaucoup plus rapide que Rizzo sur la glace, mais il déclenche son triple Axel un peu tard et le retourne. Jorik fait partie des patineurs qui savent réellement utiliser leurs bras. Grâce naturelle, travail acharné ou les deux ? Malheureusement pour lui, il va avoir beaucoup de mal à passer les difficultés de sa deuxième partie de programme, avec des sauts en sous-rotation, avortés (simple Lutz) et une chute (triple flip). Bizarrement, la Belgique a obtenu des médailles avec Kevin Van Der Perren qui était avant tout un "jumper". Hendrickx est capable de captiver le spectateur pendant tout un programme, même s'il lui manque des sauts, devant un public qui retient son souffle et explose en applaudissements à la fin. Mais pour l'instant sa technique ne lui permet pas de rivaliser avec les meilleurs. 

 

Encore une enfant chéri du public : Deniss Vasiljevs. Le fait d'être entraîné par Lambiel y est pour quelque chose, Stéphane est une star en Russie. Pour la première fois en compétition (du mins dans ma mémoire, Deniss tente un quadruple boucle piqué. Très en sous-rotation, il chute, mais félicitations pour l'essai. De nouveau, le public est si silencieux qu'on entendrait une mouche voler, mais les applaudissements explosent après chaque difficulté réussie. Son programme est si riche en éléments et transitions qu'il semble être partout à la fois sur la glace. Sa prestation est suffisamment convaincante pour qu'il batte Alexeï Bychenko et conserve sa chance de remporter la première médaille lettonne dans l'histoire de ces Euros. 

 

Javier Fernandez ouvre son programme avec un superbe quadruple boucle piqué, suivi d'un quadruple Salchow/triple boucle piqué "à la Javier", avec une sortie du quad très basse. Son triple Axel/double piqué, facile, (mais suivi d'un faux pas après la réception) déclenche la ferveur du public qui tape dans les mains et danse en tribune. Il retourne son triple Salchow, de quoi faire pleurer Dulcinée [personnage de Don Quichotte], passe un bon triple boucle, un nouveau triple Axel venu d'ailleurs, puis un triple flip ouvert à mi-course et réceptionné sur l'avant (carre douteuse), puis il enchaîne immédiatement avec un triple Lutz/boucle/triple Salchow. La musique change pour "Un Rêve Impossible" est effectivement, il semble que pour Javier, patiner un programme propre de bout en bout est hélas impossible cette saison. Espérons que le rêve se réalisera enfin en Corée. 

 

Difficile pour Dmitri Aliev de se présenter sur la glace, même devant son public,  après un concurrent du calibre de Fernandez. Lui et Alexander Samarin sont en rivalité pour une place dans l'équipe olympique. Il attaque son programme par une très bonne combinaison quadruple boucle piqué/triple boucle piqué, puis un autre quadruple boucle piqué en solo, largement de quoi battre Samarin d'entrée. Le suspens reste entier car, aux Nationaux Russes, Dmitri n'avait plus d'énergie après deux minutes de programme. Ce ne sera pas le cas aujourd'hui, tous ses sauts de seconde partie sont réussis. Une très belle façon de clôturer la compétition masculine ! 

 

Le plus difficile pour moi aujourd'hui aura été... de circuler dans les couloirs au milieu de tant de visages connus ! Barbara, Fusar-Poli, Galit Chait, Angelika Krylova, Povilas Vanagas, Ksenia Monko, Irina Rodnina, Natakia Bestemianova, Philippe Candeloro, Fabian Bourzat, Viktor Kudryatsev, Alla Kapranova, Alexeï Tikohnov, Elena Radionova... Différentes générations, et j'en oublie bien sûr, mais ils étaient tous là ! 

 

© S.I.G. - Sur place : Tanya Drubetskaya

Traduit de l'anglais par Kate Royan

 

 

Résultats programme libre Messieurs

Résultats complets

Scores détaillés programme libre Messieurs

 

 

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