© Alice Alvarez - S.I.G.
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Interview Léa Serna

Cergy-Pontoise 17 décembre 2021


Solène : Félicitations pour ce deuxième titre de championne de France ! Comment le vis-tu par rapport à ton premier titre ?

 

Léa : Je le vis beaucoup mieux. A Vaujany nous étions dans des conditions spéciales, à huis clos en raison du COVID19 donc il n'y avait pas de public ni même ma famille. C'était en février et nous avions su à peine un mois avant que ces championnats de France auraient lieu. Personne n'avait pu se préparer correctement. J'avais gagné donc j'étais contente mais c'était un sentiment un peu étrange. Aujourd'hui j'ai réussi à faire ce que je pouvais faire. Je suis contente car ce n'était pas gagné. On n'a jamais les conditions parfaites, mais le tout est d'arriver à patiner avec. J'ai beaucoup appris : je n'avais jamais connu cette situation, je me sentais faible à cause d'une carence. J'ai réussi à adapter mon échauffement. Je suis restée détendue pendant les six minutes et j'ai économisé un peu d'énergie car je savais que j'allais "donner ma vie" dans ce programme (rires). Le seul moment qui comptait était celui en musique. Ce n'est pas le programme parfait, je peux faire plus de points. Il y a des erreurs dans les deux programmes, mais je suis contente d'avoir gagné et d'avoir fait de bons scores.

 

Solène : On te devine de plus en plus sereine. Est-ce que tu le ressens ?

 

Léa : Oui, je suis plus sereine car j'ai fait des compétitions avant. Je n'étais pas au top de ma forme mais j'avais fait trois compétitions avec de bons scores (Nice, Dortmund et Grenoble). Il y avait eu des erreurs, qui n'étaient pas toujours les mêmes donc j'apprends à chaque fois. J'avais ces trois compétitions "dans les pattes" avec une bonne expérience, où j'ai dû gérer des situations différentes. J'arrive plus sereine sur glace. L'année dernière je n'avais aucune compétition à mon actif. On ne savait plus comment faire ! C'est ce qui m'est arrivé en septembre, j'étais perdue : je ne savais plus gérer une compétition, l'échauffement, les six minutes. Je ne pensais pas qu'on pouvait perdre cela ! Je me sens mieux maintenant.

 

Solène : J'étais surprise de voir la combinaison triple flip double boucle piqué double boucle si tard dans le programme.

 

Léa : Elle ne devait pas être si tard ! Elle est prévue après le Lutz normalement, car c'est mon meilleur saut. Mais je ne l'ai pas senti sur le moment. La réception du flip était bien et je savais que je devais faire cette combinaison de trois sauts à un moment. A l'entraînement, la combinaison de trois sauts est en deuxième partie de programme donc j'ai l'habitude. Je n'étais pas tombée pendant le programme, c'est plus facile pour l'énergie quand même ! (rires). Après, effectivement je n'avais plus d'énergie pour le Salchow à la fin.

 

Solène : Quel bilan dresse Brian (Joubert) de cette compétition ?

 

Léa : Il est content que j'aie réussi ce programme. Depuis trois compétitions cela va mieux mais on sait tous les deux que je peux parfois tomber beaucoup même lorsque je suis prête. Cela ne devrait plus arriver. Cela ne doit plus arriver. Je pars du principe que cette époque est derrière moi. Brian m'avait fixé un objectif de points et le titre de championne de France. J'ai rempli ma mission. J'ai perdu des points, je sais que je peux en avoir beaucoup plus ! Un double Salchow vaut environ 1,5 point seulement. Le triple boucle piqué (NB : après le double Axel) est sûrement dégradé aussi. Je me suis sentie arrivée en avant. J'ai sauté à contre-rythme. Quand j'étais en l'air, je pensais que j'allais tomber. C'est un miracle que je sois restée debout. J'étais surprise ! C'était peut être un message, on voulait que je gagne (rires).

 

Solène : Ta famille a pu venir pour cette compétition ?

 

Léa : Oui, mon père et mes grands-parents sont présents et on va pouvoir fêter cela. Je les vois peu, ils habitent loin de Poitiers. Mon père était présent à Grenoble mais j'étais dans une bulle sanitaire et je ne l'ai vu que de loin !

 

Solène : Quelle est la suite de la saison ?

 

Léa : Les sélections pour les championnats d'Europe seront annoncées bientôt. J'espère qu'ils seront maintenus. Quand on voit la page du site Internet de l'ISU avec toutes les annulations et reports, cela fait un peu peur.

 

Propos recueillis par Solène Mathieu - S.I.G. ©