Ils viennent juste de remporter une excellente 4ème place des Internationaux de France de Grenoble, et ceci avec la deuxième plus haute "Base Value" de la danse libre, derrière leurs célèbres aînés Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. Le masque cache leur grand sourire mais leurs yeux brillent et on les sent libérés et heureux. 

 

Kate : Comment vous sentez-vous après ce super résultat ? C'est seulement le deuxième Grand Prix Senior de votre carrière !

 

Evgeniia : Super bien. C'est le résultat d'un gros travail à l'entraînement. On sait pourquoi on travaille si dur ! Quand on a ce genre de réussite, on a une raison supplémentaire de se lever le matin. On est déjà très motivés, mais c'est encore un plus.

 

Geoffrey : Tout à fait. On n'a pas non plus fait exactement tout ce qu'on aurait voulu, mais le travail paie. 

 

Kate : Vous vous retrouvez devant les Américains Carreira-Ponomarenko dont tout le monde attend beaucoup [Anthony Ponomarenko est le fils du couple Klimova/Ponomarenko médaillés d'or aux Jeux Olympiques d'Albertville en 1992], et qui, à peu près au même âge que vous, se sont déjà "fait un nom"...

 

Geoffrey : C'est vrai que nous ne sommes pas encore très connus des juges, alors que ça compte beaucoup en danse sur glace, on le sait tous. Et on se retrouve à jouer dans la cour des grands. 

 

Kate. : C'est facile ou c'est intimidant de se retrouver à jouer dans cette cour ? Ce n'est pas non plus tout à fait la première fois, mais c'est quand même nouveau pour vous.

 

Geoffrey : C'était plus difficile ici à Grenoble qu'au Grand Prix de Turin, parce qu'on est en France, à la maison. Avant, on avait déjà patiné en compagnie des ténors de la spécialité et on sait comment gérer la pression. La danse libre a été assez stressante car on pouvait aussi bien finir 6èmes, voire plus loin. On s'est concentrés sur notre performance et... advienne que pourra (rires)

 

Kate : Vous avez travaillé avec Alexander Zhulin à Moscou, comment ça s'est passé ? 

 

Evgeniia : C'était une expérience nouvelle et très enrichissante, même pour moi qui suis russe [Evgeniia est née à Moscou]. Il est très créatif. Et nous étions en compagnie de couples excellents comme Sinitsina/Katsalapov. Travailler avec des danseurs comme eux, c'était vraiment cool. On les observés attentivement, on a aussi beaucoup appris d'eux.

 

Geoffrey : Maintenant on sait qu'on a le potentiel pour une vraie belle carrière. On le sent parce que nos coaches sont devenus moins dirigistes. Si on pense que quelque chose peut être fait autrement et nous conviendrait peut-être mieux, on en discute, ils nous écoutent. C'est très différent de notre époque juniors. 

 

Kate. : Pour toi Geoffrey, la vie en Russie se passe comment ? 

 

Très bien ! La méthode de travail est différente mais je me suis toujours bien adapté. Zhulin a une excellente façon d'analyser les choses, il sait tout de suite ce qu'il faut changer ou non. Avec lui, on n'a pas travaillé sur nos acquis mais sur ce que nous maîtrisons pas encore ,comme l'osmose, l'unisson entre nous. 

 

Kate. : Il y a des différences entre la façon de faire de Sacha Zhulin et celle de Fabian (Bourzat) et Roxanne (Pétetin) [leurs coaches en France] ?

 

Geoffrey : Pas tant que ça car Fabian, avec Nathalie Péchalat, a été l'élève de Sasha pendant plusieurs années. Mais on travaille sur des domaines différents : les skating skills en Russie et la technique en France. 

 

Kate. : Fabian dit de vous que vous êtes de très gros travailleurs, que vous ne vous plaignez jamais, c'est vrai ?

 

Geoffrey : Oui, c'est vrai. Je ne connais pas d'athlète de haut niveau qui arrive à quelque chose sans bosser comme un dingue.  

 

Evgeniia : Exact. On n'obtient rien sans faire un maximum d'efforts.

 

Geoffrey : On est tous les deux dans la même dynamique, on ce qu'on veut, on sait où on veut aller. Alors travailler dur n'est un problème ni pour ni pour l'autre. 

 

Kate. : Avez-vous déjà pensé que si Gabriella et Guillaume prennent leur retraite en fin de saison, vous deviendrez le couple de danseurs français numéro 1 ? 

 

Geoffrey : On commence à réaliser que ça peut arriver...

 

Kate : C'est un peu tôt pour en parler, mais s'ils nous abandonnent tous à notre triste sort de danse sur glace sans Papadakis/Cizeron,(rires) aurez-vous une pression supplémentaire ? 

 

Evgeniia : On ne sait pas encore ce qu'ils vont faire. A mon avis, ils ne prendront pas leur retraite cette saison. 

 

Geoffrey : Nous nous nous sommes fixés un but, et il est indépendant de leur présence ou non sur le circuit. Evidemment, quand des couples arrêtent leur carrière, ça laisse un vide mais d'autres danseurs peuvent le combler, c'est le jeu. 

 

Solène (qui nous a rejoint) : On vous l'a peut-être déjà demandé, mais vous attendiez-vous à finir 4èmes ici à Grenoble ? 

 

Geoffrey : On va dire qu'on en a rêvé, mais s'y attendre ? Non. On voulait finir le plus haut possible mais on savait qu'il fallait qu'on double pas mal de monde et que ce ne serait pas facile. Jusqu'au dernier moment on n'a pas vraiment su à quoi s'en tenir. Mais maintenant c'est fait. (Ils se regardent avec Evgeniia, avec encore un brin d'incrédulité). On a terminé 4èmes des Internationaux de France ! (Eclat de rire)

 

Propos recueillis par Kate Royan et Solène Mathieu - S.I.G. ©

 

A suivre : partie 2 aux Championnats de France de Cergy-Pontoise