© Alice Alvarez - S.I.G.
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INTERNATIONAUX DE FRANCE

Grenoble - 19 novembre 2021

Danse Rythmique : Dancing in the street...


Cliquez sur le nom des patineurs pour voir la vidéo correspondante.


Après avoir déploré pendant des années les thèmes souvent surannés imposés par l'I.S.U. en danse, on aurait mauvaise grâce de se plaindre des progrès accomplis. Le changement est radical. Si le thème "street dance rhythms" dépoussière la spécialité, s'il est suffisamment large pour permettre des choix variés (hip hop, disco, swing, krump, funk, jazz, reggae, etc), il est aussi difficile à appréhender. Tout le monde ne peut pas tirer son épingle du jeu et c'est à cela qu'on reconnaît les vrais créateurs et les plus inspirés. 

 

Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis ne pouvaient qu'exceller dans ce nouvel exercice puisqu'ils sont, de loin, les danseurs les plus originaux et créatifs de l'histoire de la danse sur glace. Ils sont aller chercher ce que personne n'avait imaginé : le waacking, né dans la rue des années 70. Une vraie gageure puisque c'est une danse qui se distingue par le mouvement des bras, alors qu'ils sont sur des patins à glace, avec les jambes perpétuellement en action. Et c'est parfaitement réussi. Sur "Made to Love", il est encore plus évident que d'habitude qu'ils respirent la musique, et s'en imprègnent au point e la vivre là où d'autres se contente de l'interpréter, et pas toujours avec bonheur. La précision et la rapidité de leurs gestes défient les capacités humaines normales. D'autant plus qu'elle est synchrone ! Un exploit ! Sans oublier leur glisse parfaite et la netteté de leurs carres. Le programme a largement progressé depuis ses premières exécutions: trois key points validés, il ne reste qu'à améliorer le niveau 3 des de la midline et de la partial step sequence. Ceci ne devrait leur poser aucune difficulté. Ils sont, bien évidemment, 1ers avec 89.08.

 

 

© Alice Alvarez - S.I.G.
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On a l'habitude du deuxième degré assumé de certains programmes de Piper Gilles et Paul Poirier. Mais, si le disco entre dans le cadre des danses de rue, il est ici malhabile et caricatural.  On les a connus plus inspirés.  Leurs costumes orange vif, savant mélange d'Halloween, de clown déjanté et de la tenue anti-brouillard des ouvriers de la DDE, nécessitent pour le public le port de lunettes de glacier grade 4 pour parer à l'aveuglement, et alourdissent leur silhouette, voire même leur patinage. Les deux morceaux d'Elton John sélectionnés sont, par contre, bien choisis et la chorégraphie est bien construite : "I Guess that's why They Call it the Blues" et le décoiffant "I'm still Standing". La deuxième partie de cette danse, très rapide, est d'ailleurs beaucoup mieux exécutée que la première.  J'ai toujours beaucoup aimé leur créativité et leur patinage, malgré les carres bruyantes de Piper,  mais je les trouve tombés un peu dans l'auto-caricature avec cette RD. Les juges leur accordent cependant de bon niveaux, mais surtout des composantes élevées. Avec 81.35, ils sont provisoirement seconds. 

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Alexandra Stepanova et Ivan Bukin sont troisièmes (79.89), avec une danse rythmique, sur une reprise des Backstreet Boys,  qu'ils ne semble pas encore totalement maîtriser. Alexandra n'utilise pas ses carres et patine "à plat", ce qui les fait manquer de fluidité. Ivan a tendance à surjouer. Leurs bases sont bonnes et le programme est tout de même intéressant et agréable à regarder. Il manque juste un peu de conviction et naturel. 

 

Les Américains Christina Carreira et Anthony Ponomarenko ont choisi le thème de Batman sur une musique de Prince à peine écoutable. Dommage, le couple a du potentiel mais stagne depuis sa sortie de juniors. Ils manquent tous les deux de finesse dans leurs lignes et leur RD n'a pas vraiment de fils conducteur, c'est un simple enchaînement d'éléments, dont une midline égratignée d'un niveau 1 car elle ne vaut en effet pas plus. 70.74 viennent récompenser une prestation correcte mais sans originalité. 

 

C'est tout le contraire avec Evgneniia Lopareva et Geoffrey Brissaud. On est dans la rue et on danse. Vraiment. Ils auraient dû être classés devant leurs concurrents américains car leur programme est infiniment plus créatif et surtout beaucoup mieux patiné. Eux,  sont convaincus par ce qu'ils font. Nous aussi. A la fois légers et puissants; ils savent parfaitement exprimer ce qu'ils ressentent. Geoffrey est excellent en "mauvais garçon" macho et musclé, Evgeniia, et sa nouvelle coupe et couleur de cheveux qui lui vont à ravir, est tout aussi convaincante. Ils sont beaucoup plus en osmose que Carreira/Ponomarenko ou même que Stepanova/Bukin. Il va falloir travailler cette diagonale qui n'est que de niveau 2 et améliorer la séquence de pas partielle. Mais le programme est bon, très bon, à fond dans le thème demandé et très bien exécuté. Ils sont 5èmes (69.23), soit comptalblement tout proches des Américains. 

 

Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier sont 9èmes avec 63.95. Mickael Jackson leur va bien et ils sont de plus en plus à l'aise dans leur RD. Ce sont les niveaux qui pêchent : un seul key-point validé, un blues, une séquence partielle (pour elle) et une midline de niveau 1, c'est trop peu pour pouvoir tutoyer les meilleurs. Pour l'instant. Car il y a, dans ce couple villardien, un fort potentiel et un vrai talent. Et on connaît la hiérarchisation de la danse sur glace. Il faut du temps pour se faire connaître et apprécier. 

 

 

 

Sur place : Kate Royan - S.I.G.