© Alice Alvarez - S.I.G.
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CHAMPIONNATS D'EUROPE 2022

Tallin Estonie - 14 janvier 2022

Danse Rythmique : la Russie toujours en tête

 

 

Après le forfait de Viktoria Sinitsina et Nikita Katsalapov au libre de leurs championnats nationaux, tout le monde s'interrogeait sur leur état de forme, Nikita étant blessé au dos. 87.89 points et nous voici rassurés. Mais seulement un peu plus d'un point les sépare de Stepanova/Bukin,  alors que jusque là, la différence entre les deux couples est souvent plus nette. Viktoria et Nikita valident leurs 4 Key Points, et obtiennent un maximum de niveau 4 sauf sur la Partial Step Sequence et la médiane (3). Il obtiennent également plusieurs 10 en composantes pour leur performance, ce qui est peut-être un peu exagéré. Les 9.50 et 9.75 me semblent plus appropriés. La partie blues du début de programme est bien exécutée sur "You can Leave your Hat on" et, en conférence de presse, ils expliquent que dans la seconde, sur le morceau Funk des Comodores "Brick House", ils prennent un réel plaisir à patiner sur un courant musical inédit en danse sur glace. En Mixed Zone (virtuelle), nous revenons sur sa blessure et il avoue avoir été inquiet lorsqu'il a été obligé de faire l'impasse sur la danse libre des championnats de Russie. Après moults examens, dont un qu'il décrit avec beaucoup d'humour, il s'est avéré que les médecins ne pouvaient pas faire grand chose sauf lui prescrire du repos. Il est aujourd'hui gêné dans les pirouettes car s'accroupir lui cause des douleurs, mais n'a pas de problème dans les portés. Quand je leur demande si l'absence de Papadakis/Cizeron fait une différence pour eux, ils rient tous les deux. 

"Non. Nous allons à toutes les compétitions pour les gagner. Ces championnats d'Europe restent, comme tous les ans, une compétition très importante, même si le Covid a semé la pagaille. Nous sommes extrêmement prudents à ce sujet, nous ne fréquentons que la patinoire et notre hôtel. Pas de tourisme, pas de sortie, et pendant notre voyage nous avons redoublé de précautions." (A noter qu'ils portent un double masque, un FPP et un masque en tissu par-dessus, comme beaucoup de patineurs). 

 

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Stepanova/Bukin, qui sont donc champions de Russie en titre, collent littéralement aux basques de leurs compatriotes, avec, donc, un espoir sérieux de remporter ces championnats si leurs camarades venaient à faillir dans le libre. Alexandra réalise une meilleure séquence partielle de pas (niveau 4) que son partenaire (3) et donc que Sinistina/Katsalapov,  mais le reste des éléments est de même niveau. Je trouve leur musique, même revisitée par plusieurs artistes dont Apashe, quasiment hors thème, les Backstreet Boys étant un boys band de soft pop, le tempo n'étant pas celui d'un réel Hip Hop, le tout n'ayant donc pas grand chose à voir avec de la Street Dance. Et la tenue d'Alexandra évoque plus une version moderne de "Martine aux Seychelles" que le côté populaire de la rue. Côté blues, rien à dire, ils sont dans leur élément. Avec 85.45 points, ils sont deuxièmes.

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Les Italiens Guignard/Fabbri (83.35) prennent la 3ème place provisoire, 3.10 derrière les seconds Russes, avec une RD convaincante et une profondeur de carre inégalée aujourd'hui chez leurs concurrents. Un montage à trois morceaux musicaux pour eux : funk, hip hop et disco,  le tout signé par Michael Jackson. Je ne suis pas ultra fan de ce choix,  mais le programme est très bien patiné. Il manque un petit morceau de pas pour que leur 1er key point soit validé et, comme pour Sinitsina/Katsalapov, la séquence partielle de pas ne dépasse pas le niveau 3. Mais l'ensemble est exécuté avec talent et panache. 

 

Lila Fear et Lewis Gibson sont 4èmes (79.97) avec des niveaux et des notes techniques élevées. Les composantes sont, elles aussi, généreuses. Ils ont opté pour le groupe Kiss et disco/blues/disco, mais j'ai le sentiment qu'ils patinent toujours un peu la même chose, quel que soit le thème imposé. Ils sont cependant agréables à voir danser car il prennent visiblement un réel plaisir sur la glace. 

 

C'est aussi le cas de Smart/Diaz , (77.99, 5èmes) qui confirment en Mixed Zone (Olivia) : "C'est 'une des RDs sur laquelle nous nous amusons le plus depuis le début de notre carrière commune". Ils sont beaucoup plus rapides et fluides que les Britanniques, beaucoup plus convaincants aussi. En rivalité directe avec l'autre couple espagnol Hurtado/Khaliavin pour une sélection olympique, Adrian dit ne pas trop y penser pour ne pas s'ajouter de pression supplémentaire. 

 

Classés tout de suite derrière Olivia et Adrian, Hurtado Khaliavin (75.83), sont pénalisés par un porté trop long qui leur vaut un point de déduction. Leur patinage semble plus "forcé", moins naturel, et Sara arbore toujours un visage figé qui contraste avec l'élégance de ses gestes. Elle continue d'éclipser un partenaire qui semble n'être là que comme faire-valoir. 

 

Le troisième couple russe engagé, Davis/Smolkin, que leur pays aime présenter comme l'avenir de la discipline,  prouve qu'il ne suffit que Diana soit la fille d'Eteri Tutberidze (le couple s'entraîne aux USA chez Igor Shpilband) pour semer la révolution en quelques compétitions. La tenue de la demoiselle évoque plus une séance de sado-masochisme qu'une Street Dance. Il ne suffit pas d'agiter les cheveux et d'avoir la nuque souple pour être une bonne interprète. Le patinage est lent dès que les passages sont techniques, les deux jeunes gens sont peu en carres, on note beaucoup de mouvements de bras inutiles et 73.32 est un très bon score pour une prestation de moyenne qualité.

 

Les Polonais Kaliszek/Spodyriev sont à peine moins surnotés que d'habitude (70.47). Il n'y a aucune explication logique à les voir devant Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud (70.22), si ce n'est qu'ils sont plus connus des juges. L'écart de points est toutefois très mince et facilement rattrapable dans la danse libre. En Mixed Zone, je demande aux Français comment ils se sentent. Geoffrey : "Les notes ne sont pas aussi hautes qu'on l'aurait voulu, mais nous avons commis des erreurs et on obtient quand même notre meilleur score de la saison. Ce sont nos deuxièmes championnats d'Europe et à Graz nous étions les petits nouveaux. On a travaillé et évolué depuis. Le stress est différent ici. On le maîtrise, mais on n'a plus l'excuse de ne notre première apparition européenne". Ils sont dixièmes, et vont essayer de le rester, voire d'améliorer leur place demain. 

 

Loïcia Demoigeot et Théo Le Mercier, pour leur premiers championnats d'Europe, se classent à une très bonne 15ème place (64.55) qui les qualifie pour la danse libre. Questionnés en Mixed Zone, Loïcia explique que le jeune couple, quasiment présent par surprise (suite à l'absence de Papadakis/Cizeron),  ne savait pas exactement où se situer avant cette danse rythmique dans leur première grande compétition seniors. "Nous aimerions rester dans le top 15 et nous sommes super heureux d'avoir passé le cut. Nous avons eu quelques soucis sur la fin du programme [sur la Midline qui n'obtient qu'un niveau 1], mais dans nos têtes, ça va vite, on sait qu'on passe ce genre de chose sans difficulté à l'entraînement donc on se reconcentre et on y va ! ". 

 

 

En accès virtuel : Kate Royan - S.I.G. ©