© K. Royan - S.I.G.
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Masters Villard de Lans 2018 - Jour 2


Libre Juniors Dames

 

A la glisse, à la gestuelle, à la tenue et aussi au mental, on voit tout de suite d'où vient Anna Kuzmenko ! Elément de choix pour les juniors françaises, de quoi créer une nouvelle émulation dans l'équipe. Un triple Lutz retourné d'entrée de programme aurait pu définitivement la priver de sa combinaison triple/triple, mais elle la replace, après son triple flip, par un triple boucle piqué (en sous-rotation). Ses sauts ne sont pas vraiment nets, à l'exception d'une combinaison : deux pieds pour le triple boucle, pas d'Axel du tout, puis un simple en fin de programme, précédé d'un très joli triple flip/double boucle piqué avec bonus, mais aussi d'un triple Lutz/Thoren/triple Salchow amputé d'un quart de tour environ. On a déjà beaucoup entendu "Seven Nation Army" dans les patinoires depuis deux saison,  mais on lui pardonne tant son potentiel est énorme. Elle remporte le programme libre avec 96.24 points et la compétition avec un total de 141.90.

 

Alizée Crozet, qui a connu deux dernières saisons délicates, est de retour. Sur le "Tango Amore" d'Edvin Marton, elle va cependant commettre quelques erreurs : deux pieds à la réception du triple Lutz, un triple boucle avorté en double et un Axel final éclaté en simple. Mais elle réalise un premier triple Lutz impeccable, une combinaison triple boucle piqué/double boucle piqué/double boucle un peu plus hésitante, un triple Salchow et un double Axel, tous les deux avec bonus. Ses autres éléments sont tous de niveau 3 ou 4. Avec les composantes les plus élevées de la compétition (49.20), ce qui est très bon signe, elle se classe seconde du libre (94.17) et du général (138.28). Je ne connaissais pas la Rémoise Lola Ghozali et c'est une très jolie surprise. La jeune fille est pétillante, enjouée, fluide et souple. Pas (encore) de combinaison triple/triple mais elle égrène, presque tranquillement, triple boucle piqué/double Axel en séquence, triple Salchow/double Axel en séquence, triple boucle piqué, triple Salchow, double flip/double boucle piqué/double boucle, et deux triples Lutz. Elle écope d'un seul petit -1 en exécution, tout le reste est positif. De la vraie graine de championne. Elle termine 3ème du libre (89.02) et grimpe sur la troisième marche podium (130.43 pts).

 

Belle remontée d'Océane Piegad, malheureuse lanterne rouge du programme court,  et qui se hisse au 4ème rang (84.48) du libre ! En sous-rotation sur le triple Salchow qui clôture sa combinaison double/Axel/Thoren, ainsi que sur ses triples boucles - un en combinaison avec un double boucle piqué et l'autre en solo - elle réussit, par contre, un très joli triple Salchow/double boucle piqué ainsi qu'un double Axel. Sa note de composantes (42.25) est supérieure à celle de Lola Ghozali et elle finit 5ème de la compétition avec un total de 122.49. Elle est précédée de la Courbevoisienne Naomie Mugnier (83.26/124.55). Lorine Schild, brillante 3ème du programme court, rétrograde à la sixième place (77.46/120.69) victime de la nouvelle notation à -5 sur deux Axels déficients. Charlotte Dubecq gagne une place au général par rapport au court (71.73) mais n'est que 8ème du classement final (109.78), précédée de Clémence Mayindu, pénalisée pour des erreurs de carres, et qui se retrouve dernière du court (71.50/109.90). Adriana Cagnon est, elle, montée d'un cran (71.59) mais, malgré un libre correct, son court raté lui coûte cher et elle reste 9ème (107.34).


Danse Libre juniors

 

L'an dernier, la musique de "Game of Thrones" leur allait comme un gant. Cette année Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier ont choisi un medley ultra-rock qui fait trembler la glace. Ah,  si on m'avait dit qu'un jour j'entendrais du Rage Against the Machine ("Killing in the Name") et du Steppenwolf ("Born to be Wild") dans une patinoire ! Voilà qui secoue, qui réveille, qui décoiffe ! Heureusement qu'il y a un peu de... Metallica au milieu pour qu'on reprenne notre souffle... et eux le leur,  sur "Nothing Else Matters". Une déduction pour "extra element", (apparemment une séquence de pas de trop ?) ne les empêche pas d'engranger un total de 82.32 points dans la danse libre et de 139.69 au classement général. Ils sont rapides, leurs lignes sont belles, la chorégraphie et leurs costumes originaux, de la danse sur glace estampillée Villard de Lans et Karine Arribert de A à Z ! Les scores détaillés, dorénavant attribués aux deux partenaires séparément,  soulignent cependant un petit décalage sur les twizzles et le porté final (2/4 et 2/3). Rien de grave en ce début de saison. 

 

Autre programme de choix : celui de Evgenia Lopareva et Geoffrey Brissaud sur l'opus 40 de la "Danse Macabre" de Saint-Saens. Le thème est sombre et difficile pour des juniors - Satan et la Mort dansant de minuit à l'aube -  mais Geoffrey et sa nouvelle partenaire remportent le pari haut la main. Ils sont eux aussi pénalisés d'une déduction (pour porté trop long), sans laquelle ils n'auraient terminé qu'à 0.12 points des Villardiens dans cette deuxième partie de compétition. Alors qu'ils avaient été les premiers à passer sur la glace pour la danse rythmique, ils sont seconds de la danse libre (81.20 pts) et du classement final (134.49) avec d'excellents twizzles de niveau 4 et une glisse aussi fluide que silencieuse. 

 

Le score total descend de plus de 18 points avec Lou Terreaux et Noé Perron (71.92/116.29), mais leur programme, tout aussi original que celui de Demougeot/Le Mercier, leur fait gagner quatre places par rapport à la veille. Ils remportent la palme du montage musical le plus créatif et le plus réussi avec : la "Danse de la Fée Dragée" par la pianiste américaine Jennifer Thomas, "Porz Goret" de Yann Tiersen et la "Berceuse Hip Hop du Dr Madeleine" de Dyonisos et Emily Loiseau !  Associer ces trois morceaux, il fallait d'abord y penser, puis ensuite oser. Et le résultat est génial. 

 

Marie Dupayage et Thomas Nabais sont 4èmes de la danse libre (66.48), mais 5èmes du général (114.47) auteurs d'un programme lui aussi ultra-créatif sur "Spiegel im Spiegel" ("le Miroir dans le Miroir") du compositeur estonien Arvo Pärt,  suivi d'une version hip-hop de la Valse d'Amélie Poulain. Chez eux aussi on note un décalage entre les twizzles de la jeune fille (2) et ceux du jeune homme (4). Ils sont devancés au classement final par Lila-Maya Seclet-Monchot et Renan Manceaux (65.66/115.48) sur "Ommaty" du groupe nantais de world music Orange Blossom. On reconnaît là encore la griffe toute villardienne dans la chorégraphie et le choix musical. Alisa Kuzina et Mathieu Couyras, ancien partenaire de Julia Wagret, sont 6èmes (52.29/91.03). Victimes d'une chute et d'un porté trop long, ils récoltent, hélas, deux points de déduction. Auxquels j'ai craint un instant que ne s'ajoute une pénalité pour "violation of costume rules", le décolleté de la jeune fille étant dangereusement profond... Mention très bien à la chanson "Fortitude" du chanteur hollandais Haevn, couplée à "The Runner" de Zack Hemsey.. 

 

Ninon Terreaux et Alric Baumgartner ferment le bal (43.45/71.88), sans déduction mais avec des scores techniques et des composantes très bas. Natacha Lagouge et Corentin Rahier, logiques favoris de la compétition junior, mais seulement 3èmes de la danse rythmique après une chute impressionnante de Natacha, ont déclaré forfait, ainsi que pour les prochains Grand Prix.  La jeune fille est toujours gênée par des séquelles de blessure. Nous lui souhaitons un excellent et prompt rétablissement.

 


Programme libre junior et seniors couples

 

Liudmila Molchanova et Rémi Belmonte, seuls en lice, remportent le classement junior (61.90) mais expérimentent, à leur corps défendant, les vertus pénalisantes des fameux nouveaux GOE à -5. Deux chutes, et une répétition de saut (l'Axel) viennent grever un score qui aurait pu être meilleur malgré des niveaux peu élevés, sauf sur la pirouette combinée (4). 

 

Forts de leur récente victoire à l'Autumn Classic, Vanessa James et Morgan Ciprès attaquent cette nouvelle saison avec brio. Sur la célèbre chanson de Chris Isaak "Wicked Game", dans sa version remaniée - pour le jeu vidéo Forza Horizon 3 -  par Ursine Vulpine (alias le compositeur britannique Frederick Lloyd) et chantée par la magnifique Sud-Africaine Annaca, ils sont parfaits de concision et de finesse. Lignes pures, sauts parallèles impeccables, portés spectaculaires (tous obtiennent plusieurs fois la note suprême de +5). Après Guillaume Cizeron pour la chorégraphie de leur programme court, c'est cette fois Charlie White qui a ciselé ce libre. La danse a décidément beaucoup à apporter aux disciplines artistiques. L'ensemble est à peine entaché d'une combinaison entamée par un double boucle au lieu d'un triple. Et ils se sentent tellement bien sur la glace qu'ils y restent un peu trop longtemps... sanctionnés pour dépassement de temps ! Avec un total de 228.81 points (147.38 pour le libre), ils remportent brillamment ces Masters 2018. 

 

Si seulement Camille Mendoza et Pavel Kovalev pouvaient patiner en compétition comme ils patinent à l'entraînement... Ils ont, eux-mêmes, pleinement conscience du problème, sans parvenir à trouver une solution. Dommage,  car ils ont de bonnes qualités physiques, des bases techniques solides et ont beaucoup progressé dans l'interprétation. Mais voilà... Le triple Twist a de l'ampleur, mais n'est que de niveau 1, et la descente est un peu heurtée. Camille pose la main sur la glace à la réception du premier triple bouclé piqué de leur combinaison, ce qui ne lui permet d'enchaîner qu'un simple. Elle chute sur un triple Salchow en sous-rotation, vacille à la réception du triple Lutz lancé, et chute de nouveau sur le triple Salchow lancé. La sortie de la Spirale de la Mort Dedans Avant est loupée, ce qui oblitère la pirouette de couple.  Et enfin, le dernier porté ne monte pas. Le couperet des GOE négatifs, dont une avalanche de -5,  tombe et il est sans appel :  81,26 pour le court, 132.08 au total. A leur décharge, il est difficile d'avoir pour seul adversaire un des meilleurs couples du monde, surtout lorsqu'on manque de confiance en soi. La pression de la compétition, déjà mal vécue par le couple, devient alors énorme. 


Programme Court Seniors Messieurs

 

Messieurs, aucun de vos programmes n'a été propre, il va falloir me nettoyer tout ça ! Néanmoins... La France a-t-elle déjà connu un patineur aussi exceptionnel que Kevin Aymoz sur le plan artistique ? Ce jeune homme patine avec son coeur, ses tripes et une sensibilité à fleur de peau. Il vit ses programmes avec une intensité aussi rare que communicative. Ce qui comporte un risque : manquer de focus technique. Il a pourtant réussi à canaliser une émotivité qui l'handicapait sérieusement du temps où il était junior. Catégorie dont il sort à peine, il ne faut pas l'oublier. Il prouve, comme à l'Autumn Classic, qu'il est capable de s'exprimer sur des registres musicaux très différents. Sur "Horns", rock bluesy et musclé,  délicieusement sombre, de l'Angelenos (habitant de Los Angeles) Bryce Fox, Kevin est punchy, explosif, chacun de ses gestes est précisément posé sur les deux tempos différents qui constituent le morceau : syncopé pour la partie rythmique, mélodieux pour la partie lente. "She got Horns like a Devil"... Les -5 aussi sont diaboliques (je n'en suis pas fan, vous l'avez compris !) lorsqu'on rate son quadruple boucle piqué d'entrée de programme. Et qu'on éclate son triple Lutz, invalidant au passage sa combinaison triple/triple. C'est un peu comme un jackpot à l'envers.  Non seulement la machine à sous ne vous crache pas un rond,  mais en plus, elle se fait un plaisir de vous vider les poches. La suite du programme est, par contre, sans défaut. Pas et pirouettes de niveau 4, triple Axel superbe. Les GOE grimpent : cinq +3, douze +4, sept +5. Les meilleures composantes vont, bien sûr, à l'interprétation de la musique, Kevin est né pour ça. Il la ressent, il la vit, il la communique. Je trouve les 7.50 apparus dans les autres rubriques un peu sévères, en Skating Skills surtout. Il prend la tête avec seulement 75.66 points. Le talent et le potentiel de Kevin auraient pu lui valoir beaucoup plus que ça. Mais chaque chose en son temps. Chaque fois que l'on a exigé trop et trop vite d'un Français, loin de l'aider, on a hypothéqué ses chances de réussite. Et le Grenoblois (pardon, l'Echirollois) a déjà réalisé des progrès énormes depuis qu'il s'entraîne en Floride sous l'égide de John Zimmerman et Silvia Fontana.

 

Les choses ne commencent pas très bien non plus pour Adrien Tesson, sur un autre "Wicked Game", avec un quadruple boucle piqué en sous-rotation posé sur deux patins et un triple Axel retourné. Les juges actionnent logiquement le "jackpot inversé" ! Mais comme pour Kevin, la suite va s'améliorer : bons éléments de niveau 4 et jolie combinaison triple Lutz/triple boucle piqué, avec bonus. Adrien est second avec 73.67. 

 

Le hasard a voulu que Romain Ponsart choisisse pour son programme court, la même musique que Kevin Aymoz pour son programme libre. La chanson est émouvante et magnifique : "In this Shirt" du groupe britannique de rock alternatif The Irrepressibles. Elle va aussi bien à l'un et l'autre patineur, dans un registre différent. Romain n'est pas moins artiste que Kevin mais il l'exprime différemment. Et devinez qui a chorégraphié ses deux programmes cette année ? Guillaume Cizeron ! Romain qui avait enfin apprivoisé le quadruple boucle piqué l'an passé, l'avorte en triple et manque tomber. Problème : comment passer une combinaison triple/triple censée contenir un triple boucle piqué quand on l'a déjà effectué ? Impossible sous peine d'un gros "REP" qui tâche les protocoles, sans compter l'invalidation qui va avec. Romain opte pour ce qui aurait sans doute dû être un triple Lutz mais qui ne passe qu'en double, et sans combo. Deuxième passage du rouleau compresseur négatif à la rubrique GOE. Le reste des éléments est correct mais pas aussi brillants qu'ils ont pu l'être par le passé. Les composantes s'en ressentent. Au vu de son entraînement du matin, Romain promettait mieux, mais il y a des jours sans pour tout le monde. Il n'a, en tout cas, rien perdu de sa classe innée et de sa glisse féline. Le voici 3ème avec 65.14 points

 

Le Monégasque David Lewton-Brain est quatrième (63.95), avec une note technique supérieure à celle de Romain, bien qu'il ne passe que double Axel  et chute sur le triple boucle, mais avec trois pirouettes de niveau 4. Il est suivi d'un Luc Economidès visiblement peu en forme (61.99). Jeune homme, tu es bourré de talent, mais ta technique fout le camp... Sa première partie de programme est patinée sur "Don't Explain" de Nina Simone, musique lente, lancinante,  difficile à interpréter, suivie de "Sinnerman" par la même fabuleuse chanteuse, au contraire rapide et très rythmée. La composition du programme est artistiquement très ambitieuse et Luc est assez talentueux pour très bien s'en tirer. Mais son triple Axel ne passe pas, pas plus que sa combinaison triple/triple devenue double Lutz. En digne héritier de son entraîneur, Florent Amodio, il exécute une excellente suite de pas, très rapide, très en musique. Mais ça ne suffira pas à faire monter le score : il est 5ème.   Joshua Rols ferme la marche avec 44.12 et une succession d'erreurs qui ne pardonnent pas. Chute sur un double Axel dégradé, pirouette sautée allongée chancelante, flip simple invalide. Les deux autres pirouettes et la séquence de pas sont réussies, hélas ce n'est pas assez pour sauver le programme. Demain sera un autre jour !


Danse Rythmique Seniors

 

Lorenza Alessandri ayant opté pour le métier de coach en fin de saison dernière, Pierre Souquet est désormais associé à Julia Wagret. Et ça marche. Très bien même. Ils patinent en parfaite osmose comme s'ils avaient toujours travaillé ensemble. Leurs Twizzles sont bons et notés à égalité entre les deux partenaires (3)  mais il faudra améliorer le reste de la technique. Aux premières notes de musique, je reconnais la chanteuse italienne Milva, dont j'ai été abreuvée par un membre de ma famille qui en était fan ultime et qui m'a transmis son virus ! Milva est une chanteuse - une diva même - éclectique, qui a interprété, en italien, anglais, français, allemand, grec et espagnol (rien que ça !)  aussi bien Vangelis que Francis Lai, Ennio Morricone, Mikis Théodorakis, ou la musique dodécaphonique de Luciano Berio. Et aussi, surprise, surprise, Astor Piazzola, dans le show "El Tango". Choix très original donc, car la dame fait partie des artistes que les "moins de vingt ans" (voire moins de trente, quarante, cinquante ?) "ne peuvent pas connaître" et a abandonné la scène il y a déjà longtemps. Le jeune couple s'en sort bien, avec de belles attitudes, même si la fin de la RD est un peu chaotique. Ils sont 4èmes avec 59.18 points. 

 

Deuxième néo-couple de la soirée : Adelina Galyavieva (ex Galyavieva/Abecassis) et Louis Thauron (ex Abachkina/Thauron). Là aussi, ça fonctionne. Même impression de travail d'équipe longue durée. Au contact de Louis, Adelina a considérablement progressé. Elle paraît plus confiante, plus déterminée aussi. Quant à Louis, qui, avant d'y parvenir la saison dernière,  a dû se battre longtemps pour exister à côté d'une exubérante et théâtrale Angélique Abachkina, magnifique, adorable, hyper-talentueuse, mais ambitieuse à l'excès.  Le voici pleinement lui-même, libéré, assuré,  expressif mais sobre, dans l'esprit du Tango. Dans une danse très hispanique et de jolis costumes, leur gestuelle est éloquente, bien étudiée et leur porté final est de toute beauté. Ils prennent la 3ème place provisoire avec 64.48.

 

On passe à un tout autre registre avec le jeune couple Lauriault/Le Gac. Tango, Foxtrot, Tango, extraits de la bande originale du film Chicago. Le thème est exploité jusqu'au bout,  de la ravissante coiffure ondulée de Marie-Jade jusqu'à sa superbe robe grise. (Je suis moins fan de la tenue de son époux). Ils devancent Galyavieva/Thauron de plus de dix points sans que j'arrive à me décider entre trouver les uns sous-notés et les autres le contraire. Sans doute parce que les scores sont justes et reflètent  la réalité du patinage des deux couples. Mon coeur va à Adelina et Louis, ma tête et ma raison à Marie-Jade et Romain. Leur style est toujours aussi tonique, puissant, voire un brin trop acrobatique pour le thème du Tango, peut-être ? Je chipote...  Le programme a toute la saison pour évoluer, s'arrondir, mûrir et se bonifier. Il leur rapporte aujourd'hui 74.79 points

 

Ils ont la musique dans la chair et le sang.  Le Tango ne pouvait que magnifier cette particularité. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron maîtrisent l'essence même de cette danse. Ils la respirent. Ils ont choisi "Oblivion" et "Primavera Portena", morceaux connus mais interprétés par Gidon Kremer, violoniste et chef d'orchestre letton qui l'est moins. L'orchestration est parfaite. Gabriella et Guillaume aussi.  En pantalon sombre et chemise de voile ornée de minuscules touches colorées, c'est lui qui guide, de tout son corps,  une femme en robe intégralement noire, l'épaule dénudée, troublante, tour à tour alanguie et rebelle. Changements de direction, changements de rythme, leurs mouvements sont sans cesse différents et pourtant toujours sur un même axe, parfaitement équilibrés, nets, millimétrés et en même temps si naturels. Comme d'habitude, le programme est très difficile à décrire, il faut absolument le voir, le ressentir. Oui d'accord, vous auriez bien aimé,  mais... Il faudra attendre encore un peu, inutile de revenir sur la non diffusion en streaming. La complexité des pas, la difficulté des portés sont fascinantes. Que des 4 et des 5 en notes techniques (à l'exception de deux 3), une majorité de 10 en composantes, le score est très haut, 88.31, et parfaitement justifié. Ils ne présenteront pas leur danse libre demain, celle-ci n'étant pas suffisamment prête. Là aussi il faudra attendre (le Trophée NHK du 9 au 11 novembre), mais cette fois,  pas de jaloux, nous ne l'avons pas vue non plus. 

 

© S.I.G. - Sur place : Kate Royan