© Tanya Drubetskaya
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Euros 2018 - Libre Danse


 

 

Papadakis/Cizeron évidemment ! 

 

Le deuxième groupe de ce libre danse se distingue par la présence de coaches célèbres ! Igor Shpilband, Fabian Bourzat, Alexander Svinin, Angelika Krylova, Pasquale Camerlengo, Irina Zhuk, Patrice Lauzon, Romain Hagenauer. Rien que ça !

 

Mais le début de ce groupe va être moins impressionnant qu'il aurait dû l'être. Angélique Abachkina et Louis Thauron sont très émouvants sur la chanson "Je suis Malade", mais ils ratent leur dernier porté, et finissent derrière les Finlandais Törn/Partanen et les Slovaques Mysliveckova/Csolley. Leurs camarades d'entraînement ukrainiens Nazarova/Nikitin paraissent beaucoup plus lents sur leur "Pirate des Caraïbes", et ils manquent, à mon avis, d'expression et d'émotion. Ces championnats sont pour les Turques Agafanova/Ucar l'occasion de célébrer leurs anniversaires respectifs (nés les 15 et 19 janvier). Leur concurrents ont chanté "Joyeux Anniversaire" et leur ont offert un gâteau au look délicieux pendant le tirage au sort de la danse courte ! 

 

Les Hongrois Anna Yanovskaya et Adam Lukacs patinent ici leurs premiers championnats d'Europe ensemble. Anna, née à Moscou, a émigré en Hongrie il y a environ un an et vient d'obtenir son passeport, soit son ticket pour les Jeux Olympiques. Elle a été championne du monde junior avec Sergeï Mozgov (Russie) et la séparation a été un choc pour elle. Elle a dû quitter le groupe où elle s'entraînait et a passé plusieurs mois sans faire grand chose, jusqu'à qu'elle s'associe à Adam. Ils sont entraînés par un duo russe, Svinin et Zhuk.  Ils sont les premiers ce soir à patiner sur "Le Fantôme de l'Opéra". Adam, qui a eu des problèmes avec ses twizzles durant l'échauffement, se reprend bien pendant la compétition. Leur patinage n'est pas particulièrement rapide et le programme n'est pas ultra-sophistiqué, mais c'est un bon début, dans une Hongrie qui n'a pas connu de danseurs sur glace internationaux depuis Hoffman/Zavozin. 

 

Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac démarrent leur danse avec un porté extraordinaire qui captive complètement le public. Leur programme ne leur laisse pas une seconde de répit, ils sont constamment en mouvement. Il y a quelque chose d'hypnotisant à les voir bouger ainsi. La musique sensuelle de Queen ajoute encore à cette impression. Le public est vraiment sous le charme jusqu'aux dernières notes de musique, et tout le long de cette collection de portés puissants et de pas exécutés à une vitesse incroyable. Le couple danois Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sorensen a choisi cette année un thème espagnol et le spectacle commence avant même qu'ils patinent. La jupe de Laurence est douée d'une vie propre, ils sont carrément trois sur la glace, Laurence, Nikolaj et La Jupe !! Mais ils m'ont semblé plus lents et moins à l'aise que les jeunes Français. Quel dommage qu'ils ne puissent pas participer aux Jeux Olympiques ! Laurence est canadienne et n'a pas obtenu son passeport danois à temps. 

 

Le couple espagnol Hurtado/Khaliavin a, lui, opté pour le "Don Quichotte" de Leon Minkus. La robe de Sara ressemble beaucoup à celle que portait Tessa Virtue en 2010 (danse originale). On n'en dira pas autant du programme. Il laisse le public froid, même s'il est bien chorégraphié et bien interprété. Les Britanniques Coomes/Buckland, absents une saison complète (à cause d'une grave blessure de Penny) et après seulement un Grand Prix et la Coupe de Nice comme hors-d'oeuvre avant ces championnats, semblent enfin être sur la pente ascendante. Leur programme sur l'inévitable "Exogenis" de Muse, complété par deux autres morceaux du même groupe, commence assez mal avec une pirouette qui part de travers et des twizzles ratés pour elle. Mais le porté, très difficile,  qu'ils exécutent juste après la pirouette laisse les spectateurs stupéfaits. Les Russes Zahorski/Guerreiro sont accueillis par nombre de cris et de drapeaux. Eux aussi patinent sur Muse, mais à la différence des Britanniques, leurs twizzles sont fabuleux et couvrent une incroyable surface. Ils sont les premiers aujourd'hui à passer la barre des 100 points. 

 

Le dernier groupe est inauguré par les Italiens Guignard/Fabbri. Qui patinent sur, je vous le donne en mille...  Muse !  Muse serait-il le nouveau Fantôme de l'Opéra de la danse sur glace ? Le plus spectaculaire dans leur programme est peut-être... Barbara Fusar-Poli, leur coach et la façon dont elle danse avec eux derrière sa barrière ! La prestation de Bobrova/Soloviev ne sera pas aussi émouvante que celle des championnats Nationaux. Encouragé depuis les tribunes par Andreï Deputat, ancien patineur de couple et mari d'Ekaterina, le couple obtient ici son "season best". Dès le début de leur danse libre, Anna Cappellini et Luca Lanotte laisse filer toute chance de médaille en loupant leurs twizzles. Interrogés sur leur choix de "La Vie est Belle" comme thème musical lors de la conférence de presse de la danse courte, ils ont répondu vouloir faire connaître la culture italienne à travers leur programme. Si le film dont est tiré la musique est effectivement italien (réalisé et joué par Roberto Benigni), je ne pense pas que la souffrance du peuple juif (thème du film) ait un quelconque rapport avec l'Italie. 

 

Les Russes Stepanova/Bukin ont réussi à trouver une version de "Rêve d'Amour" chantée, avec des paroles, ce qui est en soi un exploit. Dont on se serait sans doute passé. Leur programme est très réussi, très propre, mais la seule chose à laquelle j'arrive à penser est : mon Dieu, comment font-ils pour écouter cette... chose tous les jours, voire plusieurs fois par jour ? Leur danse libre inclut bien évidemment leur twizzles "shoot the duck", élément devenu leur signature, et ils finissent juste derrière Bobrova/Soloviev. A ceux qui pensent,  chaque fois que plusieurs couples russes montent sur un podium en danse, qu'il y a eu une abominable conspiration, je répondrai : dans ce cas, Anna Cappellini en a été l'instrument ! 

 

Le moment fort de la compétition, c'est bien sûr la "Sonate au Clair de Lune" de Papadakis/Cizeron. Toute la patinoire se tait pendant plus de quatre minutes, les gens respirent à peine. Chaque élément semble découler du précédent comme un fluide, une rivière, et le programme est tellement chargé de difficultés qu'on ne sait plus si l'on regarde des transitions, une séquence de pas, tout s'enchaîne et se fond. Quand le programme s'arrête, on entend toute la patinoire reprendre son souffle. Les Français sont clairement loin devant tout le monde, ils battent une fois encore leur "season best" et relèguent leurs premiers poursuivants à plus de 15 points. 

 

Jolie manière pour Bobrova/Soloviev de pré-conclure une carrière à domicile puisqu'ils ne reprendront pas la compétition la saison prochaine. Papadakis/Cizeron partiront aux Jeux Olympiques avec une nouvelle médaille d'or européenne et un nouveau record du monde de points ! La France conserve ses trois places pour les championnats d'Europe 2019, signe de sa bonne santé en danse sur glace. 

 

© S.I.G. - Sur place : Tanya Drubetskaya

Traduit de l'anglais par Kate Royan

 

 

Résultats Danse Libre

Résultats complets

Scores détaillés Danse Libre

 

 

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