Euros 2015 - Jour 3


© Myriam Cawston
© Myriam Cawston

Programme court couples

 

James/Ciprès tout près des grands

Excellente surprise que cette troisième place des Français, armés d'un programme court tout neuf sur le thème du Moulin Rouge, et qui, cette fois, leur correspond parfaitement. Leur toute récente collaboration avec Fabian Bourzat leur a permis de retrouver une véritable unisson, facteur décisif pour la cohésion d'un programme de couple. Précis, rapides et physiquement très affûtés, ils empochent 60,13 points, devant Valentina Marchéi qui entame une nouvelle carrière aussi inattendue que prometteuse avec Ondrej Hotarek. Si les Français n'ont pas une grande marge de sécurité (moins de 3 points), ils ont à présent du métier, une plus grande assurance et une plus grande lucidité. Cela devrait suffire à conserver leur place, succédant ainsi à Abitbol/Bernadis, derniers Français à être montés sur un podium européen en couple (2003). Mais déjà, la valeur de leur performance se mesure  à qui les a précédés...

 

Rien moins que les deux couples russes, dans l'ordre Stolbova/Klimov et Kavaguti/Smirnov. Enorme contraste entre les deux. Massenet, la Méditation de Taïs pour les seconds, des Tigres prêts à bondir, des Dragons cachés et la Maison des Poignards volants pour les premiers. Du classicisme un brin suranné contre une modernité affirmée. Le meilleur twist lancé revient à Kavaguti/Smirnov, les niveaux maximum vont à Stolbova/Klimov. Mais dans un cas comme dans l'autre le score est élevé : 71,38 pour les premiers, 69,86 pour les seconds. De retour d'une blessure sérieuse (Smirnov opéré d'un genou) qui a tenu les aînés éloignés des patinoires tout l'hiver dernier, le couple aura à coeur dimanche, de rattraper voire de devancer leurs cadets. Avec peut-être un quadruple salchow lancé ?


© Myriam Cawston
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Programme libre hommes

 

Premier Espagnol de l'histoire du patinage à avoir été sacré champion d'Europe en 2013, Javier Fernandez est également depuis ce soir le premier patineur à avoir remporté ce titre trois fois de suite depuis Alexander Fadeev (Russie) en 1987, 88 et 89. Un joli record, mais pas avec la manière. Ce Barbier de Séville, qu'on aimerait moins conformiste, plus personnel et un peu moins "Orser", a connu plusieurs ratés sur la glace du Globen. Le quadruple boucle piqué servi en hors-d'oeuvres, suivi d'une combinaison triple salchow/triple boucle (on ne lui en voudra pas de ne pas avoir tenté la combinaison quad/triple annoncée) et d'un  remarquable triple axel, avaient pourtant une excellente saveur. Mais tout s'effrite en seconde partie de programme, avec, en particulier, une chute sur le second quad (salchow), une combinaison de sauts dégradée et des doubles qui remplacent des triples. Ce qui ne va pas empêcher l'Espagnol de terminer avec un total de 262,49, soit 26,81 points devant Maksim Kovtun, un gouffre abyssal difficilement justifiable sur le plan purement comptable. 

 

Une qualité à reconnaître à Kovtun : il se donne toujours à fond. Mais ça ne paie pas toujours. Sur Exogenesis de Muse, le Russe ouvre son programme par un quad salchow qui sera dégradée, puis pose deux fois la main sur la glace, à la réception du second quad  et à celle du triple l'axel (qu'il associe quand même à un double boucle piqué). Triple axel qu'il retente, pour cette fois le retourner. Comme Fernandez, il obtient des niveaux 4 sur ses pirouettes mais l'ensemble du programme, noté 235,68,  manque cruellement de transition. 

 

Le podium est complété par Sergeï Voronov (233,05). Deux pieds sur la combinaison quad/triple, triple axel retourné et une main sur la glace, aucun des médaillés n'aura effectué un programme propre. A croire que, depuis quelques années,  plus aucune médaille internationale ne peut se gagner sans erreur voire sans chute(s). Il est vrai que l'exercice est de plus en en plus ardu compte-tenu des exigences techniques. Dommage néanmoins pour l'esthétique du sport. 

 

Le premier programme net est celui du quatrième (220,22), l'Israëlien Alexeï Bychenko. Performance quasi uniquement basée sur les sauts, mais ils passent tous, avec enthousiasme et brio. Soirée à oublier pour Michal Brezina, qui a à peu près tout loupé, et sur un Mariage de Figaro, vieillot et peu inspiré, qui ne sert aucune de ses qualités. Florent Amodio finit 9ème avec un score de 210,11 points. La première impression, à chaud, n'est pas positive. On s'agacerait même. Trop d'erreurs, ce qui semble être, encore et toujours,  un manque de condition physique. Puis, à bien y réfléchir... Florent revient de très loin. Mais justement, il revient. Et le chemin est long et difficile.  Il y a des hauts et des bas, or ces bas, il semble dorénavant les encaisser. Il a tenu son programme jusqu'au bout. La suite de pas, qui doit être ultra-éprouvante physiquement, était parfaitement exécutée. L'ensemble est très justement interprété. En pleine reconstruction, Florent semble à présent plus motivé et plus confiant. Soyons patients...


© KR à Stockholm

© Myriam Cawston
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