Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux : "C’est comme un rêve d’enfant."

© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux
© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux
 

Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux ont participé à leur premier Grand Prix en senior, à Angers.

 
Skate Info Glace : Quelles sont vos impressions après la danse rythmique ?
Célina : Malgré une performance un peu décevante, je l’ai bien vécue. Le stress a eu un impact sur des éléments techniques encore un peu fragiles, comme les twizzles. Avec le stress et l’ambiance, une erreur peut se produire. C’est super intéressant de partager la glace avec les grands. C’est fou, nous étions dans le même groupe que Guillaume Cizeron ! C’est comme un rêve d’enfant. Quand j’étais enfant, j’allais au Trophée Éric Bompard, j’ai eu plein d’autographes… et là, nous y participons ! J’ai quelques regrets, parce que nous perdons entre cinq et dix points techniquement. Quand on enlève un twizzle ou qu’un porté est un peu manqué, on perd vite du terrain. Je travaille beaucoup sur le mental et je me sens de plus en plus solide. Mais sur des événements comme celui-ci, on voit qu’il reste du travail. C’est un apprentissage sur le long terme. J’ai remarqué que je réagis inconsciemment différemment entre un Challenger et un Grand Prix, donc l’objectif, c’est de retrouver les sensations d’entraînement, peu importe le niveau de la compétition.
Jean-Hans : Cela avait bien commencé. La pattern step s’est bien passée. Mais après, il y a eu les twizzles… Il faut vraiment rester concentré, bien sur ses jambes. Je pense qu’il y a eu un petit moment de déconcentration.
Célina : Ou trop de concentration, peut-être ! C’est inconscient. J’étais peut-être trop focalisée sur les twizzles. Lors de notre compétition en Géorgie, je n’y pensais même pas. Nous avions fait le programme naturellement, et nous avions dix points de plus. Parfois, il faut juste laisser faire.
 
Skate Info Glace : Deux Grands Prix pour débuter chez les seniors, c’est une belle opportunité.
Célina : Oui, c’était dans nos objectifs. Cela fait plusieurs années que nous travaillons pour améliorer notre classement mondial. Nous faisons beaucoup de compétitions internationales, nos saisons sont toujours très remplies, et c’est un vrai choix : nous savons que c’est comme cela que nous gagnons des points. Grâce à ces efforts, nous sommes 21e au classement mondial. C’est ce qui nous permet d’avoir ces deux Grands Prix.
 
Skate Info Glace : Vous avez eu un début de saison bien chargé, avec les Masters bien sûr, puis deux Challengers avant ce Grand Prix. Comment cela s’est-il passé ?
Célina : Nous avons terminé dans le top 8 sur le premier et top 6 sur le deuxième. Il y avait beaucoup de concurrence, donc c’est vraiment positif. Ce que nous voulons maintenant, sur chaque compétition, c’est améliorer notre score total.
 
Skate Info Glace : Vous sentez-vous plus à l’aise sur la danse rythmique ou sur la danse libre ?
Célina : Jean-Hans est très à l’aise sur la danse rythmique, je compte sur lui pour stabiliser, et moi je me sens très bien sur la danse libre. Même sur un Grand Prix, je reste détendue. Je fais très peu d’erreurs sur la danse libre, donc je suis assez sereine.
Jean-Hans : Je suis plus concentré sur le soutien, surtout avec tous les portés à réaliser dans la danse libre. Une fois que j’ai fait les portés, tout va bien !
 
Skate Info Glace : Il y a toujours du stress sur les portés ?
Célina : Oui, forcément un peu. Depuis que nous patinons ensemble, nous avons une règle : changer les portés chaque saison. Certains couples les conservent plusieurs années en ajoutant des bras ou des variations, mais nous voulons du renouveau à chaque fois. C’est motivant, mais il faut ensuite assumer en début de saison, le temps que tout se mette bien en place.
Jean-Hans : Oui, nous avons voulu être ambitieux sur le porté combiné. C’était la première fois que j’en faisais un, alors au tout début de la saison, je n’avais plus de jambes dès que je le faisais !
 
Skate Info Glace : Et sur la danse libre à Angers, quelles ont été vos impressions ?
Célina : C’était bien plus confortable que la danse rythmique. Quand on « coupe le cerveau », la performance devient représentative de ce qu’on fait à l’entraînement. Il y a encore des points à améliorer. Nous avons déjà fait mieux, et nous pouvons encore progresser. Mais c’était fidèle à notre travail, nous avons pu montrer ce que nous préparons chaque jour.
Jean-Hans : Je suis content, parce que le porté combiné s’est bien passé. Dès que je l’ai fini, j’étais rassuré.
 
© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux
© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux
 

Skate Info Glace : Est-ce que vous vous attendiez à un score plus élevé ?

Célina : Oui et non. Karine n’était pas surprise. Elle nous a dit qu’il ne fallait pas le prendre négativement, que c’était un point de départ. Quand on regarde le détail des notes, la frustration disparaît : on se dit qu’on a tout donné, qu’on ne pouvait pas faire mieux sur le moment, et que ce score est une base de travail. Nous voyons bien qu’il y a dix points à aller chercher un peu partout : des pirouettes niveau 2, mes pas en niveau 1 alors qu’en junior j’étais à 3… C’est motivant.

Jean-Hans : Il y a aussi du positif. Par exemple, sur le porté combiné, nous avons obtenu deux niveaux 4, ce qui ne nous était pas encore arrivé. C’est le fruit du travail de ces dernières semaines, donc c’est encourageant.

 

Skate Info Glace : Vous avez eu une déduction pour un porté trop long. L’avez-vous senti ?

Célina : Oui, nous le savions. C’est assumé. Nous savons que nous allons l’avoir à chaque compétition. C’est notre premier porté combiné, nous n’en avions jamais fait avant. Il est difficile ! Même Théo et Loïcia nous disent : « Votre porté, il est dur ! Vous enchaînez, vous ne vous arrêtez jamais ! ». C’est devenu notre challenge, donc nous n’avons pas envie de le retirer ou de le modifier. Nous essayons de le rendre plus rapide pour que cela passe dans le temps imparti. Mais il y a déjà beaucoup d’autres points sur lesquels nous devons travailler, donc ce n’est pas la priorité du moment.

Jean-Hans : Je me suis quand même dit que, comme je m’étais bien dépêché sur la deuxième position et que j’avais fait la sortie rapidement, peut-être que ça passerait… Cela se joue à pas grand-chose.

 

Skate Info Glace : Prochaine étape, le Skate America. Vous allez partager la glace avec Madison Chock et Evan Bates. Cela vous inspire quoi ?

Jean-Hans : Ça va être quelque chose !

Célina : C’est sûr ! Nous nous en étions déjà rendu compte lors de notre première finale, à Turin. Je me souviens, je tenais la porte des vestiaires et c’était Madison Chock juste derrière moi ! Je me suis dit : « Attends… elle est vraiment derrière moi ? » (rires). Au début de ce Grand Prix à Angers, pendant l’entraînement officiel, j’ai dit à Jean-Hans : « J’ai trop envie de regarder les programmes ! ». C’est normal, nous avons envie d’apprendre, de nous inspirer de ce que ces couples produisent, mais il faut rester concentrés sur notre propre travail. Au Skate America, nous serons avec Théo et Loïcia, qui ont de gros enjeux. Nous apprenons beaucoup à leurs côtés. Si je ressens un coup de pression, je sais que Loïcia me rassurera. Ils nous partagent leur expérience, et c’est précieux. C'est une vraie chance d’évoluer aux côtés d’un grand duo comme eux, ainsi que Marie et Thomas. 

Jean-Hans : Pour cette compétition, ils nous ont briefés, donné des retours et des conseils.

Célina : Nous leur en sommes très reconnaissants. C’est important, pour une nouvelle équipe comme la nôtre, d’être guidés et parfois consolés. Les grands nous encouragent énormément.

 

Skate Info Glace : Il y avait besoin d’être consolé pendant cette compétition ?

Célina : La pression fait parfois monter les émotions un peu vite. Dans ces moments-là, c’est précieux d’avoir des personnes expérimentées autour de nous. Et puis, quand il faut lancer un programme de 4 minutes à 6 heures du matin à Villars, par moins 20 degrés, ce n’est pas toujours facile (rires) !

  

Skate Info Glace : Dernière question, et sans doute la plus importante : qu’est-ce que cela vous a fait de voir vos énormes têtes dans le public ?

Jean-Hans : On ne s’y attendait pas du tout ! (rires) Cela nous a vraiment motivés.

Célina : C’était hilarant ! Ma préparatrice mentale n’a sans doute jamais été aussi présente dans ma tête qu’à ce moment-là, parce que j’étais à deux doigts de partir en fou rire. J’étais complètement déconcentrée, je regardais ma tête, je “buguais” ! Il a fallu que je me reconcentre pendant l’échauffement. Mais c’était trop drôle et en même temps trop mignon. J’ai adoré ! C’est sûr, je veux refaire le Grand Prix de France !

  

Un mot de Karine Arribert, leur coach : “Ils ont très bien patiné, ils ont vraiment fait le travail. On voyait que les skills n’étaient pas les mêmes dans la danse rythmique que dans la danse libre. Dans la danse libre, cela ne faisait pas de bruit, cela ne grattait pas, ils étaient au-dessus. Je pense que dans la danse rythmique, ils étaient un peu crispés. Ils ont fait des erreurs qui leur coûtent cher, mais ils ont 19 et 20 ans, alors que certains de leurs concurrents en ont 36 ou 37. Sur la qualité d’exécution, faire une one foot ou des twizzles comme ils le faisaient avant, c’était bien, mais en senior, il faut aussi de la posture et de la proximité. C’est sur les GOE qu’ils doivent aller chercher des points. Les composantes sur la chorégraphie et la présentation sont à 7. Pour une première saison en senior, c’est très bien. Je suis très fière d’eux, et ils vont avoir une magnifique carrière.”

 

© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux
© Alice Alvarez / Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux

 

Solène Mathieu - Skate Info Glace

Vous avez apprécié cet article ? N'hésitez pas à nous soutenir. Merci !



Écrire commentaire

Commentaires: 0