François Pitot : "Si j’avais fait cela à Pékin, j’aurais été deuxième"

Skate Info Glace : Comment vous êtes-vous senti lors du programme court ?

François : Super ! Les sauts étaient faciles, c’était agréable, cela fait plaisir. Je suis content de la performance. Dans le court, je n’inclus pas le quadruple Salchow, nous gardons un contenu plus sécurisé pour bien commencer la compétition.

 

Skate Info Glace : Et sur le programme libre ?

François : Plutôt bien. Les sauts étaient propres, même si le triple-triple est un peu manqué : j’ai piqué trop vite, j’étais un peu excité tout au long du programme. Je ne savais plus trop où j’étais dans les airs, donc je me suis dit : « Au moins, atterris sur un pied ». Nous avons retiré le quadruple, parce que je me sentais encore un peu faible après avoir été malade la semaine dernière. En arrivant ici, le quad n’était pas très stable. Et comme j’étais en confrontation directe avec Luc, cela jouait aussi pour les sélections aux Mondiaux. Nous avons préféré simplifier : ce matin à l’entraînement, nous avons remplacé le Salchow par un Axel. C’était le bon choix pour assurer un bon score. Si j’avais fait cela à Pékin, j’aurais été deuxième…

 

Skate Info Glace : Lors de cette compétition qualificative pour les Jeux Olympiques, à Pékin, vous sembliez en difficulté. Que s'est-il passé ?

François : Oui, c’est vrai. L’échauffement de six minutes s’était très bien passé, tout était nickel. Mais quand je suis remonté sur la glace, je n’avais plus de jambes. Dans la tête, j’étais très bien, pas stressé du tout, mais je ne sentais pas mes jambes. Les sauts étaient bons, pourtant. J’ai dit à Romain : « C’est bizarre, je n’ai aucune sensation ». Comme les sauts passaient bien, nous avons décidé que je devais me faire confiance et ne pas trop y penser. Mais dès le début du programme, je “pop” le Salchow. Cela m’est déjà arrivé, y compris l’année dernière au Grand Prix, donc sur le moment, cela ne m’a pas trop dérangé. Ensuite, je fais le flip correctement, mais je “pop” l’Axel, ce qui ne m’arrive jamais. Là, ça m’a vraiment déstabilisé. Après, je retourne le triple boucle, mais j’essaie de me battre à chaque saut, même de rajouter un deuxième Axel en deuxième partie. Je ne voulais pas lâcher, j’ai poussé jusqu’au bout. Au final, cela s’est joué à deux points, avec la cinquième place. J’étais d’abord très frustré par ma performance, car c’était le pire programme que j’avais fait de toute la préparation. Même fatigué ou à 7 heures du matin, je faisais mieux. Donc j’étais vraiment choqué et en colère contre moi-même. Et dans un second temps, quand j’ai vu que j’étais à deux points de la qualification, j’ai compris que si j’avais fait un triple boucle correct ou si j’avais eu deux points de plus en artistique, cela passait. Là, ça m’a fait mal.

 

Skate Info Glace : N’était-ce pas risqué d’inclure le quadruple Salchow ?

François : Oui, j’aurais pu me qualifier sans. Mais à l’entraînement, il passait bien. Et j’ai déjà connu plein de compétitions où je ratais le Salchow sans que cela m’empêche de bien finir le programme. Il y a un an à Angers, je m’étais d’ailleurs luxé l’épaule sur ce saut. Aux Masters l’an dernier, j’étais tombé dessus. Au Skate America, j’avais fait un faux départ. Mais j’avais réussi à me reprendre. Donc non, nous ne voulions pas l’enlever.

 

Skate Info Glace : Vous allez maintenant participer au NHK Trophy. Dans quel état d’esprit partez-vous ?

François : Le Japon, c’est mon pays préféré ! J’ai des centaines de mangas, j’adore la culture japonaise. Et en plus, la compétition est à Osaka, la ville où j’ai gagné le Grand Prix junior. Et à la patinoire, y a un lounge avec des sushis incroyables, j’adore ça (rires).

 

Skate Info Glace : Le quadruple Salchow fera-t-il son retour là-bas ?

François : Oui, il faut vraiment que je me bouge là-dessus. Finir cinquième, c’est agréable, mais je veux me battre avec les meilleurs. J’ai envie d’avoir ma place parmi eux. Il faut que j’envoie.

  

Skate Info Glace : Vous avez senti le soutien du public à Angers, notamment cette pancarte avec votre visage géant ?

François : Oui ! Avec un public comme ça, je ne peux que me sentir bien, franchement. C’était incroyable, j’adore. J’avais l’impression d’être Cristiano Ronaldo dans un stade de foot !

 

Skate Info Glace : Avez-vous prévu une autre compétition entre le NHK et les Championnats de France ?

François : Oui, je serai à Zagreb, pour le dernier Challenger de la saison.