Interview Jason Brown : "J'ai souvent dit à Tracy que je n'allais pas y arriver"

© Alice Alvarez
© Alice Alvarez

 

Pour la deuxième année consécutive, Jason Brown a décroché une remarquable cinquième place aux Championnats du monde, tout en participant à des galas pendant la majeure partie de la saison.

 

Comment vous êtes-vous senti sur la glace des championnats du Monde?

Jason : Recevoir un tel accueil du public était incroyablement émouvant. J'étais tellement heureux d'être ici. J'ai ressenti beaucoup de gratitude et d'enthousiasme.

 

Étiez-vous stressé ?

Jason : Bien sûr. Je suis toujours nerveux, que cela se voie ou non. Mon objectif est de ne pas le montrer, mais je suis stressé à chaque fois que je monte sur la glace.

 

Pouvez-vous nous parler de votre programme court ?

Jason : Ce programme court est une collaboration de Tracy (Wilson) et Rohene (Ward). Lorsque nous testions la musique, nous l'avons combinée à différentes versions de la chanson. L'une d'elles était ce morceau instrumental au milieu qui ne fait pas partie de la chanson normale. Nous voulions jouer avec le tempo et la cadence. Je cherche toujours à m'améliorer et à devenir meilleur artistiquement. C'était un défi intéressant de travailler sur la séquence de pas ; la musique ne donne pas un tempo spécifique, mais nous avons réussi à le créer et à travailler avec la musique.

 

Votre saison n'a probablement pas commencé comme vous le souhaitiez, avec une troisième place au Challenger de Varsovie. Comment avez-vous rebondi après cela ?

Jason : Varsovie a été un signal d'alarme. Je n'ai pas patiné comme je le voulais. Les programmes n'étaient pas assez bien rodés. Tracy et moi avons eu une prise de conscience. La vague sur laquelle je surfais s'est terminée. C'était aussi lié avec le fait d'avoir deux nouveaux programmes. Je n'ai pas pris de pause après les Mondiaux 2023. J'ai continué à faire des galas sans prendre un moment pour ralentir. À Varsovie, j'ai réalisé que nous devions rebondir, alors nous avons apporté quelques changements et fait de notre mieux pour avancer. J'ai une équipe incroyable qui me maintient en bonne santé. Cela fait six ans que je vis à Toronto et travaille avec Tracy et Brian (Orser). Ce que j'ai appris me servira toute ma vie. J'apprends encore, bien sûr, et ils sont deux des meilleurs entraîneurs du monde.

 

Quels changements avez-vous mis en place ?

Jason : Je suis revenu à mon ancien programme long. Les programmes que j'avais prévus n'étaient pas réalisables avec le calendrier que je m'étais fixé. Revenir à un ancien programme avec lequel je me sentais plus à l'aise a été un énorme soulagement. C'était le principal changement. J'ai également pris deux semaines de congé après la Pologne pour rentrer chez moi.

 

Avez-vous envisagé de ne pas participer aux championnats américains et aux Mondiaux, de prendre une pause et de revenir la saison prochaine ?

Jason : Oui, complètement. Je suis souvent allé voir Tracy, en lui disant qu'il fallait qu'on arrête là. Le soutien que j'ai reçu de la Fédération américaine, de mes entraîneurs et de ma famille a été d'une grande aide. J'ai parlé à notre directeur de la haute performance, Justin Dillon, des contrats que j'avais signés et du calendrier que j'avais. Il m'a dit : "OK, nous nous allons nous débrouiller avec cela." Il savait que cette saison était un pari. Je trace mon propre chemin et je crée ma propre manière de naviguer entre les compétitions et les galas. Mais j'ai souvent dit à Tracy ou à mon psychologue que je n'allais pas y arriver. Ils me disaient de prendre les choses jour après jour. C'est ce que nous avons fait.

 

© Alice Alvarez
© Alice Alvarez

 

Nous avons ensuite échangé avec Tracy Wilson pour évoquer la saison de Jason et ses futurs objectifs.

 

Que pensez-vous du parcours de Jason ?

Tracy : C'est un outsider, il marche sur un chemin très solitaire. Mais il reçoit beaucoup d'amour de la part du public et de ses pairs dans le sport. Les Mondiaux sont le plus grand championnat, juste après les Jeux Olympiques. Avoir cette opportunité d'y participer est un privilège qu'il ne prend pas à la légère. Je vois comment il s'entraîne et travaille sur son corps et sa discipline. Il sait ce qu'il peut accomplir.

 

Pourquoi le qualifiez-vous d'outsider ?

Tracy : Il explore un territoire inconnu. Dans son esprit, il devait arrêter après les Jeux Olympiques et ne voyait pas au-delà. Lorsque je l'ai vu pendant les galas après les JO, il m'a dit à quel point il aimait patiner devant un public. À la fin de l'année, il a décidé qu'il n'en avait pas fini avec les compétitions. Il voulait s'entraîner davantage et s'engager dans ce chemin. Cela a été un sacré parcours pour lui. Lorsque je patinais, j'ai aussi eu l'occasion de faire des galas. J'avais tellement appris que cela avait changé ma manière de patiner. Jason n'avait pas eu cette expérience. Nous avons également vu cela comme une opportunité car il n'avait patiné devant un public pendant quelques années à cause du COVID.

 

Comment s'est-il préparé pour les Mondiaux, alors qu'il a participé à de nombreux galas en mars au Japon ?

Tracy : Notre stratégie était d'utiliser les galas comme entraînement. Nous avons vérifié avec lui s'il pouvait faire un programme de compétition pendant les galas et s'il avait du temps pour s'entraîner. Il a patiné son programme court chaque soir au Japon, ce dont il avait besoin. Il avait déjà plus d'expérience avec son programme libre devant un public.

 

Jason a déclaré qu'il était prêt à patiner jusqu'en 2026. Quels défis voyez-vous sur son chemin ?

Tracy : Il s'agit toujours de progresser. Je sais qu'il veut progresser tant sur le plan technique qu'artistique. Artistiquement, avec de nouveaux programmes, et techniquement, nous explorerons nos options avec lui.

 


 

Solène Mathieu - Skate Info Glace

Écrire commentaire

Commentaires: 0