© Rumi Hirakiuchi
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Interview François Pitot et Romain Ponsart

Finale du Grand Prix - 7 au 9 décembre 2023


François Pitot, 18 ans, participait à sa première finale du Grand Prix dans la catégorie junior, où il a obtenu la cinquième place.

 

Solène : Qu'avez-vous pensé de votre programme court ?

François : Ce n'était pas le programme que je voulais présenter. J'ai essayé de rattraper le triple Axel et de compléter la rotation mais j'étais désaxé. La chute a été lourde, je me suis fait un peu mal. Le triple Lutz était plutôt bien. Ensuite, je n'ai pas assez bien réalisé le saut de la pirouette sauté assise. Sur la combinaison, j'avais l'impression d'avoir les jambes coupées et je n'ai fait qu'un double boucle piqué. Romain m'a dit que j'aurais sûrement pu réussir le triple.

 

Solène : Vous êtes ensuite remonté d'une place à l'issue du programme libre.

François : Oui mais je ne suis pas satisfait de ce programme. Il y a eu beaucoup de petites erreurs sur les sauts. Je sais que je peux mieux patiner mais j'ai tout donné. Mes sensations étaient meilleures que lors du programme court, mais je ne suis pas dans mon état de forme habituel.

 

Solène : Nous avions évoqué le quadruple lors de notre précédente interview. Où en êtes-vous ?

François : J'ai tenté le quadruple boucle piqué à la Warsaw Cup il y a quelques semaines. Nous voulions l'inclure dans le programme libre à Pékin. Cela fait plusieurs mois que je le travaille, avec également le triple Axel en deuxième partie de programme. Cela commençait à devenir stable, mais je suis tombé malade en rentrant de Varsovie. Les entraînements étaient difficiles, donc nous avons décidé de remettre le contenu technique précédent pour essayer de patiner un programme propre. L'objectif d'inclure le quadruple reste présent et dès que je me sentirai complètement bien, nous nous y remettrons.

 

Solène : Comment cette maladie a affecté votre préparation ?

François : Ce n'était rien de grave, juste un gros rhume ou une grippe, mais cela m'a effectivement gêné. J'ai eu besoin de temps pour me remettre sur les programmes. Cela revient progressivement. J'ai essayé de me donner à 100% mais je ne me sentais pas au maximum de mes possibilités.

 

Solène : Comment avez-vous vécu le stress d'une première Finale de Grand Prix ?

François : Le stress était plus dans mon corps que dans ma tête. Je ne me posais pas trop de questions, mais j'avais les jambes qui tétanisaient, comme si le sang ne circulait plus. Cela reste une superbe expérience. La patinoire est magnifique et j'ai eu envie d'en profiter au maximum. J'ai aussi pu regarder la compétition senior et apprendre des meilleurs patineurs du monde.

 

Solène : Kevin Aymoz et Adam Siao Him Fa en font justement partie. Qu'admirez-vous chez eux ?

François : Adam a une force exceptionnelle et aborde ses quadruples avec décontraction. C'est impressionnant. Kevin a un sens artistique unique et de beaux sauts également.

 

© Rumi Hirakiuchi
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Solène : Avez-vous vu la série Stranger Things dont est issue la musique de votre programme court ?

François : Bien sûr ! Cette série est géniale, c'est une de mes préférées. La chanson n'est pas récente, elle date des années 80 mais la série l'a remise en lumière et je l'aime beaucoup. C'est moi qui l'ai proposé à mes entraîneurs.

 

Solène : Parlez-nous de votre costume du programme court.

François : L'idée vient d'Angélique Abachkina, ma chorégraphe. Mon costume contient plein de LEDs qui s'activent via une télécommande que Romain actionne quand la musique démarre. J'espère que cela s'est vu depuis les gradins !

 

Solène : Comment envisagez-vous les championnats de France Élites à Vaujany la semaine prochaine ?

François : Je prends l'avion pour Paris dimanche soir, puis nous allons à Vaujany avec Kevin et Adam, sans repasser à la maison. Cela va être compliqué. Habituellement, je gère bien le décalage horaire, mais à Pékin j'ai eu des difficultés à dormir des nuits complètes. Le retour me fait un peu peur, mais j'avais envie d'être présent aux championnats de France Elites et je vais me donner au maximum.

 

Solène : Quel sera votre objectif ?

François : Je vise la troisième place, comme l'année dernière. Kevin et Adam sont hors d'atteinte pour cette année. Mais j'essaierai d'aller les chercher dans les années à venir ! L'objectif principal de la saison est le championnat du monde juniors. Après, je ne suis jamais allé aux championnats d'Europe et ce serait évidemment une belle expérience.

 

Solène : Quel sera l'objectif aux championnats du monde juniors ?

François : Le podium, mais je vais essayer de ne pas trop y penser. J'y ai trop pensé à Pékin et cela m'a joué des tours. Mais c'est forcément dans un coin de ma tête et cela me motive.

 

© Rumi Hirakiuchi
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François est accompagné de son entraîneur Romain Ponsart, avec qui nous faisons le bilan de la compétition.

 

Solène : Romain, qu'avez-vous pensé de cette finale ?

Romain : Nous sommes contents car le retour de Varsovie a été très difficile. François était malade et nous n'avons pas pu l'entraîner comme prévu. Il a dû s'arrêter pendant presque une semaine. Il était cloué au lit avec de la fièvre. Nous n'avons eu que quatre jours d'entraînement avant le départ pour Pékin. Il a ensuite fallu gérer le stress d'une première finale du Grand Prix. François pouvait jouer une médaille et il a bien sûr des attentes et objectifs en tant que sportif de haut niveau. Je suis fier qu'il se soit battu. Les entraînements à Pékin ont été très difficiles. Il me disait qu'il manquait de sensations et qu'il avait mal aux jambes. Ce sont probablement les contrecoups de sa maladie.

 

Solène : Comment voyez-vous la suite ?

Romain : Enchaîner avec les Championnats de France Élites va être difficile. Il n'aura qu'une seule journée pour se remettre de la Finale du Grand Prix. Nous verrons ensuite s'il est sélectionné pour les Championnats d'Europe. Nous adapterons l'entraînement en fonction. Si nous allons aux Championnats d'Europe, nous reprendrons directement le travail sur les programmes. Il faudra aussi du repos car l'enchaînement de sa maladie, de la Finale du Grand Prix et des Championnats de France risque de tirer sur l'organisme. Nous verrons comment il se sent et nous essayerons de stabiliser le contenu qui a été présenté sur les Grands Prix. Nous gardons également en tête l'objectif de fiabiliser le quadruple pour l'inclure lors des prochaines compétitions.

 


Solène MATHIEU - Skate Info Glace