Amodio, pas mort

On à peu près tout dit sur Amodio, le meilleur comme le pire. On l'a encensé, puis démoli, parfois à raison, parfois à tort. La saison dernière est à oublier, même si certaines leçons ont été à retenir. Un Bompard 2014 raté, et on pouvait de nouveau s'attendre au pire. Après sa prestation d'hier,  rassurante sur son état moral, et celle encore plus convaincante d'aujourd'hui, on est à nouveau en droit d'espérer. Florent n'a rien perdu de son talent et de ses qualités de glisse. Il reste encore un gros travail avant qu'il puisse rivaliser avec les meilleurs Européens à Stockholm fin janvier. Mais le voici de nouveau dans une dynamique positive. Il ouvre son programme libre par un quad salchow réussi même s'il sera légèrement dégradé par les juges (touché en réception ?), suivi d'un triple axel de toute beauté. La suite est plus chaotique : un deuxième triple axel ne passe qu'en double, pas de combinaison triple-triple et même une combinaison double (lutz) simple (boucle). Le programme est techniquement difficile et Florent clairement à court de forme. Il va lui falloir acquérir endurance et résistance au plus vite. 

 

"Je retrouve de bonnes sensations, c'est une vraie renaissance. Les choses prennent forme, le travail paie. J'y crois, même si je suis peut-être le seul. Je ne suis pas encore au top mais ça va aller. Le  libre est très exigeant physiquement mais je dois le tenir jusqu'au bout. J'ai conscience qu'il y a encore énormément de travail à effectuer". 

 

Fabian Bourzat, son co-entraîneur avec Claude Péri :

"On a vu de bonnes choses aujourd'hui mais il manque encore d'endurance, c'est visible dans la deuxième partie du programme."

 

Romain Ponsart, qui conserve sa seconde place, lui, revient d'encore plus loin. Opéré d'un pied l'an dernier, on lui annonce qu'il n'a que 50% de chances de remonter sur des patins. Exempt de douleurs depuis seulement quelques mois mais encore fragile aux entraînements, il est heureux de revenir enfin à la compétition. Auteur d'un joli programme sur la musique d'Inception, avec sept triples mais sans quad, il termine à seulement deux petits points d'Amodio sur le libre. 

 

"8 mois après mon opération, patiner m'était encore très difficile. J'ai tout essayé, j'ai rempli mes patins de mousse pour éviter les frottements, j'avais toujours mal. C'est seulement à partir d'août que les douleurs ont commencé à disparaître. Les championnats d'Europe ? J'y pense bien sûr, on verra. Chafik ne va pas lâcher le morceau si vite, il faudra voir avec le DTN et le président."

 

Fébrile et peu inspiré aujourd'hui, Chafik Besseghier est, en effet,  passé à travers Ses championnats de France. Il finit seulement quatrième du libre derrière Simon Hocquaux, pour se contenter de la troisième place au général. Quad avorté, nerveux pendant tout le programme, visiblement en manque de confiance, il lui faut se reprendre très vite en vue des championnats d'Europe pour lesquels Ponsart pour lui souffler la place.


Papadakis/Cizeron, magistraux

Ils ne jouaient pas dans la même cour que leurs concurrents. Et leur libre est toujours aussi beau et aussi émouvant. Les derniers à patiner sur la glace de Megève, ils nous ont offert un libre aussi somptueux qu'à Bordeaux, avec la même fluidité, la même légèreté et la même grâce. 


"Nous n'avions pas de pression si ce n'est celle, comme toujours, de donner notre meilleur possible. Nous restons concentrés sur les éléments mais ceci ne nous empêche pas de vivre le programme à fond.

- Comment fait-on pour passer de Woodkid à Mozart ?

Guillaume : Comme ça !  (rires)

- C'est facile ? Qu'est-ce qui correspond le mieux à votre sensibilité ?

Gabriella : Les deux ! Nous aimons nous renouveler, ne pas toujours patiner la même chose"


Derrière eux, à presque 70 points (64,68 exactement), Marie-Jade Lauriault et Romain le Gac prennent une seconde place louable pour des jeunes gens qui ne patinent ensemble que depuis peu. Ils sont suivis de près par Ojardias/Bramante à 115,24. La  relève de la danse sur glace française est brillamment assurée par Papadakis/Cizeron, mais ils sont aussi les seuls à la porter sur leurs épaules, l'écart qui les sépare de leurs concurrents étant énorme sur tous les plans.