GRAND PRIX DE FRANCE

6 novembre 2022

Interview - Loena Hendrickx


Vice championne du monde et gagnante des Internationaux de France, la belge Loena Hendrickx est sans aucun doute l'une des meilleures patineuses du circuit. Nous l'avons rencontrée à Angers :
 
Solène : Qu'as-tu ressenti en remportant ce Grand Prix en France ?
Loena : J'étais très fière de moi et fière pour la Belgique. Gagner cette médaille d'or est incroyable ! J'ai pu entendre mon hymne sur la plus haute marche du podium.
 
Solène : Pour la première fois, tu étais annoncée favorite pour cet évènement. Comment l'as-tu vécu ?
Loena : Je n'avais pas l'impression d'être favorite. Je savais que je pouvais être sur le podium ou même sur la première marche, mais je n'étais pas complètement à l'aise avec ce statut. Je suis heureuse d'avoir répondu aux attentes du public en tout cas !
 
Solène : Tu as beaucoup changé ton programme libre depuis ta première compétition, peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Loena : Cette année, j'ai choisi deux programmes qui changeaient de mes habitudes. Cela a immédiatement fonctionné pour le programme court et j'ai eu de bons retours des juges et du public. Pour le programme libre, la musique n'était pas assez puissante et nous avons fait des changements importants entre le Nebelhorn Trophy et le Grand Prix de France. Cela m'a beaucoup perturbée. Nous avons changé la musique, la chorégraphie, la disposition des sauts, ma tenue... Tout a changé ! J'ai dû m'y habituer très vite et les derniers changements ont été faits juste avant la compétition. Mais c'était la bonne décision et cela m'a permis de gagner en confiance en moi. En plus, la nouvelle musique a été créée spécialement pour moi.
 
Solène : Pour ton anniversaire après le programme libre, Maé-Bérénice Méité t'a apporté un gâteau dans le Kiss&Cry. Vous connaissez-vous bien ?
Loena : Maé a l'âge de mon frère et ils participaient aux mêmes compétitions. Je la voyais patiner et elle était un modèle pour moi. Nous partageons des valeurs communes, comme la persévérance et l'amour du sport. Elle a 28 ans, c'est une vraie femme et j'admire cela.
 
Solène : Dans ton programme court, la combinaison de sauts n'a pas bénéficié du bonus de seconde partie, sais-tu pourquoi ?
Loena : Ce n'est pas clair... Nous pensions que la règle était que le saut devait atterrir au-delà d'une minute et 20 secondes. J'ai atterri à 1min21s, mais j'ai démarré mon saut à 1min19s. C'est ambigu mais par sécurité, nous allons décaler la combinaison de quelques secondes.
 
Solène : Une nouvelle règle revalorise les séquences de sauts depuis le début de la saison. Qu'en penses-tu ?
Loena : J'avais prévu une séquence avec un double Axel dans mon programme en début de saison, mais cela n'a pas vraiment payé. J'étais déçue des scores obtenus. Nous avons fait le choix de revenir au contenu technique de l'année dernière qui m'avait permis d'obtenir des records personnels.
 
Solène : Penses-tu ajouter une deuxième combinaison de deux triples sauts ?
Loena : Je ne peux pas car je répète déjà le Lutz et le flip, et j'ai des difficultés sur le triple boucle actuellement. Je le travaille beaucoup et je le réussissais avant, mais je crois que ce saut n'est plus fait pour moi ! Avec le harnais j'y arrive facilement, mais sans le harnais non.
 
Solène : Tu as participé au Japan Open. Qu'en as-tu pensé ?
Loena : C'était une belle expérience, très différente d'une compétition individuelle. Nous étions en équipe et je ne voulais pas les décevoir. J'étais fière quand mes coéquipiers patinaient. Le public était très chaleureux et j'ai hâte de retourner au Japon !
 
Solène : Vises-tu un titre de championne d'Europe?
Loena : Je suis timide et je ne veux certainement pas annoncer quoi que ce soit ! Mais j'y pense et c'est un rêve.
 
Solène : Tu as obtenu de très bons résultats ces deux dernières années. Quand as-tu senti qu'un changement s'était opéré ?
Loena : Après ma première médaille au Grand Prix d'Italie en novembre 2021. Je pensais que je n'aurai jamais de médaille à un tel évènement. Aux championnats d'Europe qui ont suivi, je me suis classée deuxième du programme court, j'étais stupéfaite. Les Russes étaient très fortes et je ne pensais pas pouvoir être meilleure qu'elles. Il est vrai que ma cinquième place aux championnats du monde en mars 2021 était incroyable également.
 
Solène : Depuis ta médaille mondiale, as-tu senti que les media t'accordaient plus d'attention ?
Loena : Après les championnats du monde, j'ai reçu beaucoup d'attention, tout le monde me connaissait. Mes comptes sur les réseaux sociaux sont beaucoup plus suivis qu'avant et j'ai quelques sponsors supplémentaires. J'espère que cela aidera le patinage à se développer en Belgique.
 
Solène : Tu avais souffert de blessures dans le passé, mais ces problèmes semblent désormais derrière toi. As-tu changé quelque chose pour éviter de te blesser à nouveau ?
Loena : J'ai réduit mon nombre d'heures d'entraînement sur glace et augmenté mes entraînements hors glace. Je veux repousser mes limites mais je dois aussi écouter mon corps. Après les Jeux Olympiques, j'étais épuisée. J'ai pris un mois de repos complet après les championnats du monde, sur recommandation des médecins. Mais le patinage me manquait tellement ! 
 
Solène : Tu es entraînée par ton frère Jorik Hendrickx, comment gérez-vous la séparation de la sphère privée et la sphère professionnelle ?
Loena : C'est assez facile en fait ! Nous parvenons bien à séparer notre relation frère/soeur de notre relation entraîneur/patineuse. Jorik est incroyable et je ne voudrais changer d'entraîneur pour rien au monde. Il est à l'écoute de mes besoins et m'aide à rester en bonne santé. Lui aussi a eu beaucoup de blessures. Il est exigeant bien sûr ! Mais il sait me remonter le moral quand j'en ai besoin.
 
Solène : Tu t'essaies parfois au roller en ligne. Est-ce difficile et est-ce que cela modifie tes sensations sur glace ?
Loena : Je n'en fais pas beaucoup et heureusement cela ne modifie pas mes sensations, mais patiner avec des rollers est très difficile ! Je peux à peine faire un saut de valse quand je démarre ! Avec un peu de persévérance, j'arrive à faire un Axel simple et c'est déjà un bel accomplissement (rires).
 
Solène : Nous avons échangé en Anglais pendant cette interview mais parles-tu un peu Français ?
Loena : Malheureusement non ! Peut-être un jour... Surtout qu'il y a des francophones dans mon entourage !
 

Solène MATHIEU pour Skate Info Glace