© S.I.G. - Myriam Cawston
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Championnats d'Europe 2019 Minsk

25 janvier

Libre Dames - Une Russe peut en cacher une autre...


Cliquer sur le nom des patineuses vous permet d'accéder à la vidéo de leur programme. 


 

 

Dire qu'on ne l'attendait pas serait faux. Tout le monde imaginait Sofia Samodurova sur le podium. Tout le monde avait raison. Tout le monde donnait aussi Zagitova gagnante. Tout le monde avait tort ! Une Russe peut en cacher une autre... Et nous n'étions pas au bout de nos surprises. Le podium semblait s'être clairement dessiné à l'issue du programme court. Mais...

 

Cette année, les individuels russes ont obtenu un tarif de groupe sur "Carmen". Kovtun, Kolyada, Alina Zagitova. Seul Kovtun nous épargne le noir et rouge, mais j'avoue que la robe brodées de perles d'Alina est somptueuse. La caméra fixe en gros plan son joli minois hyper concentré, et celui tout aussi joli de son entraîneur, attentive et impassible. La tenante du titre européen campe une bohémienne andalouse convaincante, le regard noir et séduisant juste ce qu'il faut. Fini les allures de puceron sauteur, Alina, qui n'est encore ni majeure ni vaccinée, sait par contre ce qu'elle veut : gagner. Elle a été élevée, entraînée, formatée pour cela. Se met-elle toute seule la pression ? Est-ce celle de sa fédération ? Trop d'exigence de la part d'Eteri Tutberidze dont les jeunes élèves ont du mal à survivre sportivement à la puberté ? Une saison post-olympique est toujours une gageure, surtout pour une médaillée d'or. De chasseresse, on devient chassée. Plus on est jeune et attendue, plus la tension est dure à supporter. Alina arrive à Minsk avec, dans ses valises, une première place en Challenger Series au Nebelhorn Trophy , deux victoires en Grand Prix (Moscou et Helsinki), une seconde place à la Finale du Grand Prix. C'est très loin d'être la Berezina, même si ses résultats n'ont pas toujours été obtenus avec la manière. Seule ombre à ce tableau de début de saison : sa surprenante 5ème place aux championnats nationaux. Une contre-performance qui a dû laisser des traces. Comme va laisser des traces ce libre qui n'est pas loin du cauchemar. Les seuls sauts réussis par Alina sont ses deux double Axels et son triple Lutz solo. Combinaison triple Lutz ("Rippon")/triple boucle piqué, sous-rotation et chute. Que des -5 et une fois -4, pas de quartier. On attend triple Lutz/triple boucle et elle bloque à deux tours et demi dans le premier saut en posant les deux pieds (et en se retenant, au vol, de poser aussi les deux mains) sans pouvoir enchaîner : combinaison dégradée et une nouvelle volée de -4/-5. Le triple flip passe avec difficulté, adieu le double boucle piqué et le double boucle avec lesquels il devait être combiné. Nous n'aurons droit qu'à un un triple flip branlant suivi d'un simple boucle. "Quel désastre" s'exclame un journaliste italien à mes côtés. C'est le mot juste. Et ce n'est pas fini. Elle tente de repasser sa combinaison triple/double/double, mais le triple flip "Rippon" est de nouveau en sous-rotation, ainsi que double boucle de sortie. Ses gestes deviennent précipités, on dirait presque qu'elle accélère pour en finir au plus vite. Un programme de Zagitova sauvé par les pirouettes et la séquence de pas ? Et par de très généreuses composantes... 70.24, vraiment ?  Des 9.25 dans toutes les catégories ? C'est du repêchage ou je ne m'y connais pas. Parce qu'avec 54.10 en T.E.S., non seulement Miss Olympique a 18.34 (!) de retard sur la médaillée d'or, mais elle n'a que le septième score technique, derrière, entre autres,  nos deux Françaises et Eliska Brezinova (9ème.) Pas de quoi pavoiser quand on a, justement, révolutionné la technique féminine l'an passé. Le règlement y est aussi pour beaucoup,  puisque qu'il interdit à présent de surcharger la seconde partie du libre en grosses difficultés, ce qui était sa spécialité. Malgré sa prestation plutôt chaotique, le public est debout et les cadeaux pleuvent : un traditionnel et énorme nounours blanc, un rouge encore plus gigantesque, des fleurs. Alina garde bravement le sourire derrière un petit air navré, mais l'accueil de ses entraîneurs à la sortie de la glace a à peu près autant de tendresse et de compassion qu'une rafale de vent sibérien en ras mois de janvier. Pendant l'attente des notes, le réalisateur prend un malin plaisir à nous diffuser, sur l'écran géant et en différé, les réactions de Dudakov, Gleikhengauz et Tutberidze à chacune des erreurs de leur élève : grand concours de lèvres pincées, de soupirs et d'yeux levés au ciel. Elle a 17 ans ! Et  n'est pas une machine. Non, les favorites ne gagnent pas toujours. Elle sera seconde et médaillée d'argent avec un total de 198.34. Je serai surprise, quelques minutes plus tard, de la voir seule dans le salon TV attenant à la Mixed Zone, le visage fermé, en train de délacer ses patins,  assise à l'opposé de Viveca Lindfors qui commence à se dire qu'elle va sans doute finir sur le podium. Fini le sourire de façade, Alina est visiblement partagée entre tristesse et colère.


© S.I.G. - K. Royan

Grande fan de Cher et de Christina Aguilera, je ne le suis pas de la B.O. de "Burlesque", même si elle remporte toujours un vif succès dans le patinage féminin, neuf ans après la sortie du film. Le libre de Sofia Samodurova est cependant très bien construit, et interprété avec beaucoup de vivacité et de grâce. Seulement quatre petites notes négatives sur l'ensemble de ses GOEs, on sent l'exigence technique d'un Alexeï Mishin aux commandes, mais aussi la recherche d'une gestuelle adaptée au thème, sans tomber dans le racolage pseudo-sexy qui conviendrait mal à une aussi jeune fille. Comme beaucoup de ses jeunes compatriotes avant elle, que ce soit en compétition junior ou senior, Sofia semble exempte de toute pression et parfaitement à son aise. Sa combinaison triple flip/triple boucle piqué, les deux sauts en "Tano" sont d'une légèreté exemplaire. Son triple Lutz, lui aussi,  "Tano", légèrement réceptionné sur l'arrière, lui vaut un point d'exclamation pour carre douteuse. Le triple boucle, "Tano" toujours, est parfait. Le public tape dans ses mains pour scander le rythme de la séquence de pas, seul élément de niveau 3, et peut-être la partie du programme que j'aime le moins. La vitesse à laquelle elle patine la deuxième moitié de ce libre donne le vertige ! Triple Salchow impeccable et "Tano" bien sûr - comptablement parlant c'est lucratif, visuellement tous les sauts un bras en l'air c'est un peu trop, même si le geste est joli et la performance difficile. Double Axel "normal" si j'ose dire, combiné à un triple boucle piqué... "Tano" ! Comme le triple flip qui suit. La dernière combinaison, double Axel/double boucle piqué/double boucle se termine sur deux pieds et s'est enfin passée d'effet de bras. Les bras, elle les agite quand même dans un geste éloquent pour réclamer la participation du public. La Sibérienne de Krasnoïark est une vraie "show-woman" du haut de ses dix-sept printemps, pas impressionnée pour deux sous par les quinze mille personnes qui remplissent la salle et qui s'en donnent à coeur joie pour l'encourager. Ses pirouettes sont un modèle du genre. Quand la musique s'arrête, Sofia commence par sauter en l'air de bonheur avant d'étouffer un sanglot d'émotion. Tout le monde a compris qu'elle est championne d'Europe. Sauf peut-être elle et son entraîneur, un peu crispés dans le Kiss & Cry en attente des notes. Le public n'arrête plus d'applaudir et d'agiter des drapeaux russes. Sofia a été un modèle de détermination, d'énergie et de charme pendant quatre minutes. Elle a maîtrisé chaque seconde et chaque difficulté. Lorsque le score tombe (140.96, et 213.84 au total), et avec lui la confirmation d'une médaille d'or, elle est de nouveau partagée entre le rire et les larmes,  tandis qu'Alexeï Mishin s'autorise un sobre sourire satisfait. Sacré Mishin, on ne le changera décidément jamais !! A quelques mètres dans les coulisses, Alina Zagitova, fixée par une caméra sans pitié, arbore un regard plus noir que noir, un visage fermé et quasiment furieux. Oh elle peut être en colère ! Contre elle-même. Le score de sa compatriote est amplement justifié. Beaucoup plus que ne le sont ses fameux 70.24 en PCS. Avec un programme techniquement propre, elle aurait remporté sans problème ces championnats. Beaucoup plus tard, alors que j'emprunte l'ascenseur de mon hôtel, je me retrouve par hasard à partager la cabine avec une Sofia Samodurova les bras chargés de fleurs. En vêtements civils, démaquillée et les cheveux libres, elle a l'air d'une toute petite fille et j'ai peine à la reconnaître. D'autant plus que, lorsque je la félicite, elle rougit jusqu'aux oreilles ! Excellente patineuse d'une maturité étonnante sur la glace, Sofia, rendue à la vie normale est juste une gamine comme toutes les autres de son âge ! Vision rassurante et rafraîchissante dans un monde qui me semble parfois fabriquer de toutes pièces de très jeunes machines, corvéables à merci et interchangeables. 

 

Demandez à n'importe qui, au début de l'après-midi du 25 janvier, par qui sera occupée la troisième place du podium, et tout le monde vous répondra Alexia Paganini, moi la première. Auteur d'un court excellent, on l'imagine déjà digne héritière de Sarah Meier. Mais il est dur de tenir la pression, surtout lorsqu'on a la malchance de passer la dernière. Et juste après Samodurova... Je ne vais pas faire semblant : "La La Land", et l'inévitable robe bleue,  me sortent par les yeux ! Essentiellement parce que les extraits utilisés sont toujours les mêmes. Déjà que ce n'est pas mon genre de film et encore moins mon style musical... Tout ce sucre et ces bons sentiments rendraient diabétique une marmotte en plein jeûne hibernatoire. Heureusement, Alexia est bien réveillée. Plutôt tendue aussi, on le sent dès les premiers coups de lames. La réception de son triple Lutz oscille dangereusement sur la droite et les grades d'exécution vont de -1 à +1. Triple boucle piqué/Euler en sous-rotation/double Salchow, que des -1 et -2. La Suissesse est mal partie pour conserver sa troisième place mais tout n'est pas encore perdu. Triple boucle/double boucle piqué. Les notes remontent. Double Axel : elles montent encore. Triple boucle solo correct : six juges l'estiment à +1, deux à +2, un à +3. Ce n'est pas cher payé car le saut m'a semblé très bien exécuté, toutes les rotations sont là, la réception est bien glissée. Même chose pour sa combinaison triple boucle piqué/double boucle piqué sur laquelle il n'y a rien à redire, mais la majorité des grades d'exécution plafonne à +1. La musique a accéléré depuis quelques secondes, mais pas la patineuse, ce qui donne à la fin du programme un aspect un peu décousu. Son double Axel est en nette sous-rotation. Alexia manque poser la main sur sa pirouette sautée, ce qui n'arrange pas son score. La séquence de pas, niveau 3, n'en finit plus mais elle est très bien réalisée et c'est, avec son premier double Axel, son élément le mieux noté. La jeune fille n'a pas hérité du gène helvète qui a fait de beaucoup de ses compatriotes les meilleurs pirouetteurs du monde. Les siennes manquent de précision et de rapidité. Si l'ensemble du programme est intéressant, même quand on n'en aime pas la musique, il est techniquement un peu faible (absence de triple flip) et la jeune fille a visiblement été paralysée par l'enjeu. Elle est aujourd'hui moins tonique, moins gracieuse et beaucoup moins à l'aise que dans son court. Très grande (1m69), elle a de longs membres à la Carolina Kostner mais n'en a pas assez tiré parti. Attention à la jambe libre qui traîne à la réception des sauts et à la lame qui a parfois effleuré la glace. 7ème du libre (114.26) et 6ème au total (179.90) - elle s'intercale entre les deux Françaises - c'est une grosse déception pour elle. 

 

La relative contre-performance d'Alexia n'est pas seule responsable de son classement. Viveca Lindfors et Stanislava Konstantinova sont passées par là, ainsi que Laurine et Maé... Commençons par ma Russe favorite : Stanislava. Onzième du programme court, et quatorzième dans l'ordre de passage, soit dans l'avant-dernier groupe, elle revient de très loin. Pour se classer seconde du libre ! (132.96) Réputée pour son inconstance et sa fragilité mentale, elle va surprendre tout le monde. Entre la "Malaguena" du court, et "Anna Karénine" (version Dario Marianelli), on ne peut pas dire que Miss Konstantinova fasse dans la modernité. Mais, exception qui confirme la règle, elle a le physique idéal pour ce genre de thème. Du haut de son mètre soixante-huit, en robe mauve foncée brodée de sequins argents et gants assortis, les cheveux tirés en chignon, un rang de perle autour du cou,  elle est la parfaite héroïne de Tolstoï. Impériale. Triple Lutz "Tano"/triple boucle piqué "Rippon". Le ton est donné. Double Axel/Euler/triple Salchow, sans un accroc, et des +2 et +3 de partout. Triple boucle limpide. Stania, mais pourquoi n'as-tu pas patiné ainsi mercredi ?? Double Axel qui lui vaut deux fois +4, la demoiselle vole littéralement d'élément en élément sans effort apparent. Triple flip "Tano"/double boucle piqué "Tano", la préparation a été un peu lente mais toutes les rotations sont là. Le double Lutz "Tano" aurait dû être un triple : petit plongeon des GOEs. Seule vraie erreur de toute le programme : son triple flip est en sous-rotation et immédiatement sanctionné. Mais avec des éléments de niveau 4, à l'exception de la séquence de pas (3), Stanislava obtient un total de 132.96, avec des scores quasi équivalents en TES et PCS (66.04/66.92), ce qui fait d'elle la patineuse la plus complète du jour. Dans le Kiss &Cry, elle cramponne la main de ses entraîneurs avant de nous gratifier d'un sourire éclatant à l'annonce de ses notes. Elle termine 4ème du classement général avec 189.72. Ah si, seulement elle n'avait pas loupé ce programme court... 

 

Mais alors, qui est 3ème ? La voilà la surprise ! L'intéressée elle-même, plusieurs minutes après la fin de la compétition, en conférence de presse, n'est pas sûre d'y croire tout à fait. Viveca Lindfors, d'Helsinki, Finlande, vingt ans dans quelques jours à peine, entraînée par Virpi Horttana pour un programme chorégraphié par Shanetta Folle (ex coach de Maé Bérénice Meité et Florent Amodio) sur deux des musiques les plus connues de la comédie musicale "Les Misérables", autre incontournable des patinoires. Viveca était 4ème du court, presque dix points derrière Zagitova. Dans une robe rouge vif constellée de brillants, elle n'a rien de misérable et son patinage encore moins. Elle attaque d'entrée par une combinaison de "base value" 10.10, soit la difficulté la plus élevée : triple Lutz/triple boucle piqué, très bien réalisé. Ce n'est pas le cas du triple boucle qu'elle retourne, glanant au passage une volée de grades d'exécution négatifs. Tout s'arrange avec le triple flip. Elle continue sur sa lancée avec triple Lutz/double boucle piqué (au lieu du triple prévu). Pas de points négatifs, c'est l'essentiel. Bon double Axel, mais elle commet sa seconde grosse erreur sur le triple Salchow, posé en grosse sous-rotation. Cette fois les GOEs sont tous précédés du signe "moins", de -3 à -5. Aïe. Depuis le début, Viveca patine avec élégance, vivacité et grâce, mais aussi un regard de tueuse. Elle en veut. Elle s'accroche et passe un bon double Axel/double boucle piqué/double boucle. Tous ses éléments sont de niveau 4, sauf sa première pirouette. 128.79. Mais il va falloir à Viveca attendre le passage d'encore trois patineuses, (Zagitova, Samodurova, et Paganini) avant de connaître son classement final. Elle nous dira avoir pensé qu'elle était quatrième, ce qui était déjà un très bon résultat. Elle n'en croit ni ses yeux ni ses oreilles quand l'écran de la Mixed Zone affiche le résultat définitif : 194.40 et médaille de bronze ! Grâce à elle, ce soir nous sablerons le champagne aux frais d'une amie journaliste finlandaise ! 

 

Et nos Françaises dans tout ça ? Presque tranquillement, voici qu'elles nous ramènent un troisième quota européen ! Mais oui ! Depuis combien de temps trois Françaises n'ont-elles pas participé à des championnats d'Europe ? Ce sera pour l'an prochain à Graz, en Autriche. Laurine Lecavelier gagne une place par rapport au court pour finir 5ème (180.05), égalant ainsi le meilleur résultat de sa carrière il y a deux ans. La chanson de Beth Hart et Joe Bonamassa, "I'll Take Care of You" lui va à merveille. Elle l'interprète avec sensualité et classe, ce qui n'est pas donné à tout le monde. On passera pudiquement sur le double Axel/triple boucle piqué à rotation incomplète et posé sur deux pieds donc dégradé. Il en faudrait beaucoup plus pour bousculer une Laurine aussi concentrée et déterminée. Le triple flip qui suit est bon, même si un peu trop ouvert en réception. Son triple boucle piqué/Euler/double Salchow (en lieu et place d'un triple boucle solo) est encore mieux. Le double Axel (prévu avec Euler et triple Salchow) passé solo est haut, ample, et sera son saut le mieux noté. Triple Lutz/double boucle piqué, bonifié mais mal noté, là où aurait dû se trouver le triple Lutz solo, qu'elle place en avant-dernier saut, hélas retourné. Et le triple boucle final est un peu chahuté. Laurine n'a pas fait travailler que ses muscles, mais aussi sa tête pour tenter de compenser les points perdus lors de sa première erreur, en adaptant et réorganisant son programme au fil des évènements. Bravo pour la présence d'esprit. Il lui manque,  en fait, la combinaison prévue double Axel/Euler/triple Salchow très lucrative. Mais son programme a mûri au fil de la saison. Elle est plus rapide, plus fluide et il y a beaucoup plus de liant entre ses éléments. Elle est battue de quelques points en TES dans le libre par Maé, mais reste devant en composantes. Dans le Kiss & Cry, Brian Joubert, coach provisoire vêtu d'une fantastique veste aux manches oranges tigrées (le genre de chose à porter dans les bois en période de chasse pour ne pas être confondu avec un sanglier...) est un homme souriant et heureux, tout comme la patineuse qui retrouve enfin confiance après un début de saison délicat. 

 

Maé Bérénice Meité est donc 5ème de ce programme libre (118.15). On peut toujours compter sur elle pour se battre bec et ongles jusqu'au bout. "Nyah" continue de me rappeler Alexander Abt,  et la statuesque Maé parvient à être aussi véloce et fluide que le longiligne Russe. Impressionnant. Dans une superbe robe noire et dorée à col montant dont la coupe flatte sa haute silhouette, elle est plus assurée et plus tonique que l'avant-veille. Son premier triple boucle est réceptionné trop bas, et sauvé d'un cheveu, ce qui l'empêche d'enchaîner avec triple boucle piqué.  Je trouve son triple Lutz/double boucle piqué plutôt bon mais les notes restent basses. Maé va chercher ses sauts très bas et à l'aide des bras, ce qui, vu sa haute stature, l'oblige à se plier vers l'avant et donne une impression de passage en force. D'où sans doute, les notes mitigées. Son triple flip est nettement réceptionné sur l'avant et sa main passe au ras du sol "au cas où", sans toutefois toucher la glace. Elle ajoute ensuite un triple boucle piqué à son double Axel, ce qui est un excellent calcul pour récupérer les points perdus lors de la première combinaison ratée. De plus, l'accélération de ses rotations en l'air est spectaculaire. Elle replace la même combinaison un peu plus loin, de manière encore plus propre. Je trouve la deuxième partie musicale de son programme, "Ethan", un tout petit peu trop romantico-mièvre pour sa remarquable personnalité. Mais "Nyah" reprend très vite et cette fois dans un rythme endiablé. Que cette musique lui va bien ! Oups, une sous-rotation et deux mains (allez, une main et demi...) posées sur la glace à l'atterrissage du triple Lutz coûtent très cher. Du -4 et -5 par poignées. Il reste le triple Salchow et on connaît Maé : pas question qu'elle le loupe, il lui faut finir en beauté. En bord de piste, Silvia Fontana vit les programmes de ses élèves avec une telle intensité qu'elle doit avoir plus de courbatures qu'eux à la fin de la journée ! 7ème du classement final, avec 177.10 (ce qui fait tout de même 7 points 0.7 de mieux qu'Emmi Peltonen placée juste derrière elle), Maé semble un peu déçue. La France n'ayant plus qu'un quota mondial, il est possible que son ticket pour le Japon, en mars,  vienne de s'envoler. 

 

© S.I.G. - Sur place : Kate Royan


© S.I.G. - Myriam Cawston


Elles ont dit...

(en cours de traduction)