Photo © Olivier Brajon
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Interview Adrien Tesson


Il est l'un des patineurs les plus talentueux et artistiques de sa génération. Entraîné à Champigny (et l'été à Courchevel) par Annick Dumont, Adrien vient de participer à deux compétitions consécutives : les Masters et la Coupe de Nice. 

 

S.I.G. : Deuxième des Masters, c'est bien, onzième de la coupe de Nice, ce n'est pas mal. Quel est ton ressenti après ces deux compétitions ?

Adrien : Alors je suis très insatisfait de mes performances. Je ne montre pas du tout ce que je vaux réellement. En effet, 2ème des Masters, c'est bien, mais moins quand les deux favoris sont forfaits. J'aurais préféré être 4ème avec une bonne performance, que 2ème sans une performance satisfaisante. Même chose pour Nice. 

 

S.I.G. : Tu passes quasiment tous tes sauts en gala, à l'entraînement et aux six minutes. En compétition, c'est moins évident. Pourtant, la technique, tu l'as. Qu'est-ce qui pêche ? Stress ? Manque de confiance ?

A.T. : La technique, c'est vrai, je l'ai, la motivation aussi. Effectivement quelque chose manque... En compétition, je réfléchis trop, je ne me fais pas assez confiance. Surgissent énormément de doutes dont je n'ai pas l'habitude. Je suis en train d'effectuer un gros travail mental en ce moment, pour trouver une solution à ça et être performant dès le mois prochain, à Graz. [NDLR : Ice Challenge du 9 au 12/11/17]

 

S.I.G. : Le saut que tu préfères ?

A.T. : Je n'ai pas de saut préféré, je les aime tous. Après, selon les périodes, je me sens plus ou moins bien sur certains sauts, puis sur d'autres. 

 

S.I.G. : Celui que tu détestes ?

A.T. : De même, pas de saut que je déteste. Je fais peut-être plus une "fixette" sur la technique du triple Axel mais je ne déteste pas pour autant. 

 

S.I.G. : Tu t'entraînes combien d'heures par semaine ?

A.T. : Environ 20 heures, en comptant les heures passées sur et hors glace. 

 

S.I.G. : Tu fais partie des patineurs nantis d'un vrai sens artistique. Tu  choisis toi-même tes musiques ? Qu'est-ce qui t'a donné l'idée de faire un programme long sur une chanson de Amber Run ?

A.T. : Oui, c'est toujours moi qui choisis, en accord bien sûr avec mes coaches. L'idée m'est venue par ma chorégraphe, qui a fait danser les juniors de l'équipe sur cette musique. Par hasard, elle l'a mise en ma présence et j'ai été comme transporté. Je me suis vu patiner dessus dès le début, c'était comme une évidence ! Mais comme cette musique est assez monotone pendant quatre minutes, on a cherché à remixer la dernière partie. Pour cela, on a fait appel à Maxime Rodriguez, spécialiste musical, et il m'a fait quelque chose de fort et d'original. 

 

 

S.I.G. : On trouve quoi dans ton mp3 ? Tiens, donne-nous les cinq premiers morceaux !

A.T. : Premièrement, l'album entier de XXXtentacion, je n'arrive pas à choisir de morceau ! Ensuite, "Les Yeux disent" de Lompal, "American Teen" de Khalid, "Motel" de Ash Kidd et enfin "Freek in You" de PARTYNEXTDOOR. [NDLR : Vous voulez écouter ? Cliquez sur les liens...]

 

S.I.G. : Existe-t-il une musique "impatinable" sur laquelle tu aimerais justement patiner ?

A.T. : Pour moi, tout est patinable, sauf sûrement des musiques un peu electro, mais sinon, tout dépend si la musique peut transmettre une histoire, une émotion. 

 

S.I.G. : Ta bio I.S.U. indique que tu es étudiant. Quel cursus ? I.N.S.E.P. ? [Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance] 

A.T. : Oui, I.N.S.E.P., je suis en deuxième année S.TA.P.S. [Sciences et Techniques des Activités Physiques et sportives]

 

S.I.G. : L'après-patinage, tu as déjà une idée de ce que ce sera, ou pas du tout ?

A.T. : Oui, quand même, j'y pense. Ce qui me plairait vraiment, ce serait de devenir entraîneur national, c'est mon but. Ou bien préparateur physique pour sportifs de haut niveau.

 

S.I.G. : Aurais-tu aimé faire de la compétition dans un autre sport ?

A.T. : Je suis quelqu'un de très compétitif ! J'aurais aussi pu faire du tennis ou du handball.

 

S.I.G. : Que préfères-tu dans la patinage ?

A.T. : Ce que je préfère aujourd'hui, c'est transmettre une émotion quand je patine, procurer un sentiment de joie aux gens qui nous regardent à travers le patinage.

 

S.I.G. : Et au contraire, ce que tu aimes le moins ?

A.T. : Avant, j'aurais pu dire les pirouettes, mais maintenant elles sont presque devenues un atout donc il n'y a rien que j'aime moins. 

 

S.I.G. : Où te vois-tu dans dix ans ? 

A.T. : Dans dix ans, je ne sais pas... Tellement de choses peuvent encore arriver, tellement de nouvelles portes peuvent s'ouvrir à moi ! Alors franchement, je n'ai aucune idée, je laisse faire le temps. Mais, en effet, j'ai hâte de me voir dans dix ans et de découvrir les chemins que j'ai empruntés... 

 

S.I.G. : Tu as un modèle, un patineur préféré ?

A.T. : Hm, non, pas spécialement. J'aime prendre tout ce qui me plaît dans chaque patineur que je vois ! Je trouve toujours ça très impressionnant de voir des Nathan Chen ou Shoma Uno en compétition. Techniquement, ils envoient du lourd, on pourrait croire qu'ils viennent d'une autre planète ! 

 

S.I.G. : Tu regardes les autres Français en compétition, sur Internet ou à la télévision quand tu n'es pas sur place ? 

A.T. : Oui, toujours. Je me tiens toujours informé des compétitions engageant ou non des Français, je regarde les résultats, les scores détaillés et même les vidéos Youtube s'il y en a.

 

 

Merci à Adrien d'avoir répondu à mes questions ! Skate Info Glace et moi-même lui souhaitons une excellente compétition à Graz et une bonne continuation pour la saison !

 

Propos recueillis par Kate Royan © - 20/10/2017